Dimanche 15 juin, la petite Ghita, tout juste arrivée d’Italie avec sa famille pour passer des vacances au Maroc, jouait sur la plage de Sidi Rahal à quelques mètres de l’eau, dans une petite fosse à même le sable que son père lui avait creusé pensant qu’elle y serait en sécurité.
Il aura suffi de quelques secondes pour que le drame survienne… Alors que le père de Ghita avait quitté des yeux sa fille pour se désaltérer, un véhicule de type 4x4 tractant un jetski a percuté la fillette, écrasant littéralement son crâne. «Je n’ai pas pu courir, mes jambes m’ont lâché... J’ai rampé jusqu’à elle. Son crâne était ouvert, son visage déformé», raconte alors son père, qui en plein cauchemar, va la transporter à bord du même véhicule jusqu’à une clinique casablancaise.
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Le diagnostic est terrifiant: fracture du crâne, hémorragie interne et atteinte sévère du tissu cérébral… Sa vie ne tient qu’à un fil. Fort heureusement, la petite Ghita a pu s’en sortir, après une intervention chirurgicale complexe, et quitter l’hôpital au terme d’une semaine de soins intensifs.
Des questions en suspens
Cet incident a déclenché de vives réactions au sein de l’opinion publique, avec, en ligne de mire, des critiques, l’absence de réglementation quant à la présence d’engins à moteurs sur certaines plages marocaines. L’appel général des Marocains aux autorités à réagir fermement pour que ce type de drames ne se reproduise plus a été relayé par l’organisation Touche pas à mon enfant.
Dans un communiqué, Najat Anwar, présidente de l’organisation, interpelle les autorités sur des manquements graves à la sécurité publique: «Comment peut-on tolérer que des plages, censées être des espaces de détente pour les familles, deviennent des voies d’accès pour des véhicules motorisés? Où sont les dispositifs de sécurité et la surveillance destinés à protéger les enfants et les vacanciers?», questionne-t-elle avec insistance.
Ghita, une fillette de 4 ans, a été percutée par un 4x4 sur la plage de Sidi Rahal.
Par ailleurs, Najat Anwar s’interroge également sur l’absence d’application de la loi 81.12 sur la protection du littoral, laquelle interdit pourtant la circulation des véhicules sur les plages. «Pourquoi n’est-elle pas appliquée avec rigueur?» et enfin, «jusqu’à quand tolérera-t-on des négligences aussi graves qui transforment nos plages en zones de danger?», lance la militante à l’attention des autorités compétentes qu’elle appelle à prendre «des mesures fermes et immédiates».
Des mesures qui s’imposent
Pour l’heure, le conducteur du 4x4 a été entendu par la gendarmerie et a été placé en détention provisoire à la prison de Berrechid après avoir été présenté au parquet du tribunal de première instance de Berrechid. Si l’enquête est actuellement en cours pour faire toute la lumière sur les circonstances du drame et établir les responsabilités, l’organisation Touche pas à mon enfant réclame, en premier lieu, «des poursuites judiciaires contre le conducteur pour homicide involontaire dû à la négligence».
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Parmi les autres mesures attendues, «la publication urgente d’une circulaire conjointe des ministères de l’Intérieur et de l’Équipement interdisant strictement l’accès des plages aux véhicules motorisés, hors interventions officielles encadrées», ainsi que «l’aménagement de zones spécifiques pour les sports nautiques, séparées des espaces fréquentés par les familles» et enfin, «la réparation intégrale du préjudice moral et matériel subi par la famille de la victime».