Le bilan quotidien de la situation épidémiologique du Covid-19 connaît à nouveau un intérêt de la part de la population.
Chaque jour à partir de 16h, les Marocains sont nombreux à attendre avec impatience les chiffres publiés par le ministère de la Santé et qui rapportent avec exactitude les cas de contaminations dans tout le Maroc.
Et ce n’est pas une surprise, la ville de Casablanca est en tête de liste avec 739 cas enregistrés hier mercredi 14 juillet et 1 décès. La veille, mardi 13 juillet, il y avait eu 770 cas et 3 décès. Il est donc clair que les contaminations sont en hausse et les professionnels de santé tirent la sonnette d’alarme.
Contacté par Le360, le professeur Kamal Marhoum, chef de service des maladies infectieuses au CHU de Casablanca, confirme que la situation est inquiétante. «S’il n’y a toujours pas de saturation dans les services de réanimation, l’heure est par ailleurs grave, car la pression ne va pas tarder à se faire sentir», a-t-il expliqué
«Le problème, c’est que cela risque de se faire au détriment des autres malades qui pendant de longs mois ont été privés de la prise en charge que nécessite leur maladie. A titre d’exemple, les opérations chirurgicales programmées ont été suspendues pendant au moins 6 mois, car les salles de réveils étaient transformées en zone Covid pour accueillir les patients infectés et les traiter», souligne Kamal Marhoum qui insiste sur la nécessité de respecter les mesures barrières et de se faire vacciner, les deux seuls remparts aujourd’hui contre la maladie et ses formes graves. Qui dit formes graves de la maladie, dit des cas qui nécessitent l’oxygénation artificielle.
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Parmi les 62 nouveaux cas graves enregistrés en 24 heures dans tout le Maroc, hier mercredi 14 juillet, 6 malades atteints du Covid-19 sont intubés et sous respiration artificielle au CHU de Casablanca. C’est ce que nous confirme à son tour, le professeur Lahoucine Barou, chef de service de réanimation du CHU Ibn Rochd de Casablanca.
Ce spécialiste précise que le profil des personnes qui sont admises dans les services de réanimation a changé. Ce ne sont plus les personnes âgées de plus de 65 ans qui arrivent dans un état grave au CHU, mais plutôt les jeunes de moins de 45 ans et qui ne sont pas vaccinés. «Les personnes vaccinées n’ont pas de formes graves de la maladie. Ce sont plutôt les jeunes de moins de 45 ans qui ne souffrent d’aucune maladie chronique, c’est à-dire qu’ils ne sont pas à risque, qui sont actuellement admis en réanimation et qui se trouvent même dans un état critique» souligne Lahoucine Barou.
Pour le professeur Marhoum, et selon son interprétation personnelle de la courbe épidémiologique, le Maroc a connu deux grandes vagues: celle de novembre 2020 et l’actuelle qui a démarré en fin juin. «Cela ne signifie absolument pas que la vaccination n’a servi à rien, mais que tout simplement il y a eu un grand relâchement, les mesures barrières ne sont plus respectées, car, primo, les gens en ont marre et secundo, ils sont nombreux à penser que les vaccins les protègent à 100% et qu’ils n’ont plus besoin de porter le masque et ne font plus attention, alors que le virus circule énormément en ce moment à cause, entre autres, de l’existence du variant Delta. Avec ce variant, le coronavirus se propage à une vitesse supérieure…».
En attendant d’atteindre l’immunité collective grâce à la vaccination, tous les professionnels de santé exhortent donc les citoyens à plus de vigilance en ces moments de recrudescence de la maladie.