Terrorisme: Himich inscrit sur la liste noire des terroristes internationaux

© AFP/Archives FATHI NASRI

Revue de presseKiosque360. Jeune Marocain parti s’installer en France, il a rejoint la légion étrangère dans l’espoir d’obtenir la nationalité de ce pays. Après un bref séjour en prison, il est parti rejoindre le front de combat en Syrie. Son portait.

Le 24/11/2016 à 11h19

Depuis l’apparition de Daech, aucun Marocain, encore en vie, n’a jamais été classé parmi les terroristes internationaux les plus dangereux poursuivis par les Etats-Unis. Jusqu'à Abdelilah Himich, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du jeudi 24 novembre.

Les États-Unis viennent, en effet, d’inscrire, mardi dernier, le terroriste marocain sur la liste noire des «terroristes internationaux», aux côtés d’Abdellah Ahmed Al Machhadani et Bassel Hassan. Le premier est un membre irakien de Daech chargé d’accueillir les terroristes étrangers, de suivre leur intégration au sein de l’organisation et d’assurer le transport des candidats aux attentats suicide.Le second est accusé d’avoir tiré sur un journaliste danois en 2013.Mais, s’interroge le journal, comment ce jeune Marocain, né à Rabat en 1989 où il passé son enfance et son adolescence, a-t-il pu se retrouver dans le club fermé des grands terroristes internationaux? Le jeune Himich, parti s’installer, avec sa famille en France et plus précisément dans la ville de Lunel, dans la région de Montpellier, a mené une vie normale, jusqu’en 2014. Cette année, son comportement a changé et il est devenu radical, violent et, enfin, intégriste. Il porte depuis le surnom d’«Abou Soulaimane Al Faransi» et devient, par la même occasion, l’homme le plus ténébreux à avoir intrigué les services de renseignements français. Ces derniers ne sont pas encore sûrs qu'il soit derrière les attentats de Paris qui ont fait 130 mors. Les Américains, eux, affirment détenir assez d’informations prouvant son implication dans ces attentats.

Le jeune franco-marocain a, pour la première fois, attiré l’attention sur lui alors qu'il était encore au lycée, époque où il publiait, dans le journal de l'école, des articles sur les adolescents et la consommation d’alcool. Il n’était alors qu’un jeune lycéen d’origine marocaine qui espérait devenir français par n’importe quel moyen. Il s’est ainsi engagé dans la Légion étrangère, en 2008, alors qu’il n’avait que 19 ans.

Selon le Centre français d'analyse du terrorisme (CAT), Abdelilah Himich «a fait son service militaire dans la Légion étrangère française pendant deux ans, période durant laquelle il a servi en Afghanistan». Il s’est rapidement démarqué dans la Légion en devenant l’un des soldats les plus habiles, surtout lors des différentes opérations menées contre les Talibans. Cependant, quelque chose l’a poussé à déserter l’armée en 2010. Selon les informations disponibles, son père est décédé alors qu’il était sur le front et on lui a refusé l’autorisation de participer à ses obsèques.

Le fait est qu’il n’a pas été sanctionné pour son acte. Il est retourné chez lui, a effectué plusieurs stages, mais n’a pas pu décrocher un emploi. Il a même essayé de devenir infirmier sans y arriver. Pendant tout ce temps, il n’a jamais eu de problèmes avec la loi. La situation changera en 2011, quand il a été arrêté par la Douane a bord d’un train en provenance d’Amsterdam en possession de près d’un kilogramme de cocaïne d’une valeur marchande de 50.000 euros. On lui a fait, ensuite, subir des testes qui ont montré qu’il s’adonnait à la cocaïne et à la marijuana. Il a été condamné en 2013 à quatre ans de prison dont un en sursis, mais il a été relaxé l’année suivante sous condition et placé en liberté surveillée.Pendant sa période de réclusion, il a été victime d’un lavage de cerveau par ses codétenu intégristes. C’est ainsi qu’à sa sortie de prison, au lieu de se conformer aux contrainte de mise en liberté surveillée, il a loué une voiture et pris la fuite vers l’Italie, puis la Grèce, ensuite la Turquie pour finir son périple en Syrie où il a rejoint les combattants intégristes.Il a combattu, en premier, dans les rangs du front Annousra, et malgré son jeune âge, il a été placé à la tête d’un group de combattants. Son expérience militaire et sa connaissance de son pays d’accueil ont fait de lui le candidat idéal pour diriger les unités opérationnelles mises en place par Daech pour perpétrer des attentats en Europe. Son parcours dans l'armée, à partir de 2008, expliquerait son «ascension rapide au sein de l'Etat islamique», estime le CAT.D'après la diplomatie américaine, c’était une précieuse prise pour Daech. Après avoir passé une année en Syrie, il a mis sur pied une cellule de combattants étrangers européens qui a fourni les auteurs d'attaques en Irak, en Syrie et à l'étranger. Son bataillon, baptisé Tarik Ibn Zyad, a pu compter à un moment 300 membres, avance la diplomatie américaine. La présumée force de frappe d’Abdelilah Himich sera connue lors des attentats de Paris. Cependant, son nom n’a commencé à être évoqué qu’avec l’avancement des enquêtes.Aujourd’hui, les autorités américaines évoquent son rôle présumé dans les attaques de Paris et de Saint-Denis le 13 novembre 2015 (130 morts) et dans celles de Bruxelles le 22 mars dernier (32 morts) revendiquées par le groupe jihadiste. Il a été impliqué dans la planification des attentats, soutient le département d'Etat.

Par Amyne Asmlal
Le 24/11/2016 à 11h19