Interrogé sur les circonstances entourant la réforme en cours de la Moudawana, Saïd Saâdi a affirmé lors de cette émission que «la conjoncture est beaucoup plus favorable que celle des années 1999-2000. À cette époque, l’islam politique était en progression. Aujourd’hui, ce dernier connaît un affaissement au niveau institutionnel, dû à l’important recul du parti islamiste».
«Il existe également des positions avancées exprimées par des institutions officielles, à l’instar du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) qui a posé, en 2015, la question de l’égalité en matière d’héritage. Son rapport sur l’égalité a mis en avant cette question, à commencer par le ta’sib» (le ta’sib permet aux héritiers mâles de la branche paternelle ou maternelle d’hériter en cas d’absence d’un héritier mâle direct, NDLR) , a-t-il rappelé, sans oublier, dit-il, «les positions plus ou moins progressistes du ministre de la Justice dans le gouvernement actuel. Cela dit, ce sont des choses inédites en comparaison avec ce qui était prédominant durant la période que nous avions vécue».
Il s’est également dit «optimiste quant à la possibilité d’une importante réforme à même de consacrer ce qu’on avait fait», ajoutant: «Ce sont nos propositions qui ont été adoptées dans le discours royal de 2003.»
À la question de savoir qu’elle était, à ses yeux, la principale mesure à inclure dans la nouvelle Moudawana, Saâdi a répondu que «l’essentiel est la philosophie du Code de la famille. Comment se fait-il qu’on ait un article 4 qui dispose que la famille est sous la direction commune des deux époux, et un autre article qui stipule que le père est de droit le tuteur légal de ses enfants? C’est quoi cette contradiction? C’est impossible».
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«Et en cas de divorce, la présence du père est exigée quand la mère souhaite inscrire son enfant à l’école. Il en va de même pour le changement de l’école, le passeport, etc. Le changement doit donc se faire à partir d’une révision en profondeur de toutes les dispositions de la Moudawana, notamment les plus inéquitables, à l’instar du mariage des mineures», a-t-il martelé, mettant l’accent sur l’impératif de «criminaliser ce mariage des mineures, interdire la polygamie et instaurer l’égalité dans l’héritage».