Selon les termes de l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, le briefing semestriel donné à huis clos lundi 14 avril par l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara, Staffan de Mistura, devant le Conseil de sécurité sur l’évolution du dossier, relève du «business as usual». Il n’en est pas moins porteur d’une évolution majeure dans la gestion par l’ONU de ce dossier. Désormais, le débat se concentre résolument sur la seule option marocaine d’autonomie comme unique solution au conflit, à l’exclusion de toutes les autres hypothèses. La preuve en a été apportée par Staffan de Mistura lui-même, qui demande, dans un discours repris par l’Agence France-Presse, à donner corps à la proposition marocaine et à détailler le contenu de l’autonomie, excluant de facto toute autre option à une solution au conflit.
Staffan de Mistura appelle à profiter d’un «nouvel élan» diplomatique que connaît la question du Sahara. Par nouvel élan, il cite expressément la vague de soutien international au Maroc et à sa solution garantissant aux provinces du Sud une large autonomie sous sa souveraineté.
Game changer
Staffan de Mistura a séance tenante mis en avant deux «récents développements» qui «pourraient avoir des implications importantes pour les efforts de désescalade des tensions dans la région et faciliter une conclusion mutuellement acceptable au Sahara occidental», cite l’AFP, qui a copie de son discours. Le premier n’est autre que la confirmation par les États-Unis de leur appui à la souveraineté marocaine sur le Sahara. De Mistura souligne l’importance des récentes déclarations de Marco Rubio dans ce sens. Ayant reçu mardi 8 avril 2025 à Washington le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, le secrétaire d’État américain a en effet réaffirmé que «les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental» et soutiennent la proposition d’autonomie marocaine, «sérieuse, crédible et réaliste», comme «seule base pour une solution juste et durable au différend». «Les États-Unis continuent de croire que l’autonomie réelle sous la souveraineté marocaine est la seule solution envisageable», a-t-il insisté, soulignant que les États-Unis contribueront à tout progrès en vue d’atteindre cet objectif.
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L’autre évolution est l’acceptation par l’Algérie, présentée comme partie prenante au conflit, de la reconnaissance française de la marocanité du Sahara. Preuve en est, selon de Mistura, l’amorce début avril d’une normalisation des relations entre la France et l’Algérie, après une crise provoquée par le soutien total apporté par la France au plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental. Un soutien réitéré le même lundi 14 avril par la diplomatie française. Même si la crise entre les deux pays est repartie de plus belle, le Sahara n’en est plus le sujet.
Trois mois pour plier le dossier
«Les trois prochains mois seront, à mon avis, une opportunité pour confirmer comment ce nouvel élan, basé sur un engagement actif renouvelé de certains membres du Conseil, y compris de membres permanents, peut entraîner une désescalade régionale», a ajouté l’émissaire de l’ONU.
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Pour l’envoyé onusien, le recentrage du débat sur l’autonomie «fait écho à ce que je pense et ce que je demande, l’Initiative d’autonomie marocaine doit être expliquée en détail». Le sujet donc aujourd’hui est de débattre du contenu de l’autonomie. Une victoire en soi. «Le cadre, l’autonomie, rien que l’autonomie comme unique cadre de négociation, gagne en soutien international. Plus de 110 pays le soutiennent aujourd’hui. Le fait que deux pays membres du Conseil de sécurité s’unissent pour reconnaître la marocanité du Sahara va donner une impulsion particulière au processus politique et au règlement de ce différend. S’y ajoute le soutien au Maroc de l’ancienne puissance coloniale, l’Espagne, qui connaît l’histoire et la population de la région», a commenté Omar Hilale dans un entretien à Medi1TV. L’ambassadeur du Maroc nous donne déjà rendez-vous. «Nous espérons que le 50ème anniversaire de la Marche verte (le 6 novembre prochain, NDLR) sera l’heureuse occasion où ce problème sera réglé définitivement avec nos voisins algériens».
Le dossier évolue, mais justement, le vis-à-vis se braque toujours. Staffan de Mistura ne manque pas de le noter, relevant que cette «attention renouvelée» pour la question du Sahara intervient dans un contexte de «risques», pointant nommément l’Algérie. «Nous n’avons pas vu d’amélioration des relations entre l’Algérie et le Maroc, au contraire», a-t-il regretté. Tout est de savoir ce que le voisin, plus isolé que jamais, pourra réellement activer comme nouveaux leviers de nuisance ou s’il va finir par prendre le train de l’Histoire qui est en marche. Les peuples du Maghreb méritent que la célébration du cinquantième anniversaire de la Marche verte marque aussi la date de la fin d’un conflit factice qui tient en otage la partie septentrionale du continent.
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