C’est un signe. Celui de l’épuisement des arguments pouvant plus ou moins convaincre et d’un sentiment d’impuissance par rapport au cours des évènements. La conséquence logique est bien là: des réactions hâtives, souvent violentes, et une posture victimaire pour justifier son échec. C’est ainsi que l’on peut résumer la dernière trouvaille du régime algérien face à l’évolution du dossier du Sahara sur lequel l’ONU s’active, mais dans un sens qui n’est pas pour plaire à Alger.
La dernière sortie de l'ambassadeur adjoint de l'Algérie auprès de l'ONU, Mohammed Bessedik, fièrement relayée par l’agence APS hier, mardi 23 octobre, est un cas d’école. En ligne de mire, les compte-rendus des réunions de l’ONU qui seraient, tout d’un coup, et soudainement, caractérisés par «la partialité, la subjectivité et la désinformation». Une approche que Bessedik juge aujourd’hui «inacceptable» et en «violation continue des principes de la charte des Nations Unies». C’était lors d'une réunion à l'ONU, consacrée à l'examen des questions relatives à l'information.
Techniquement, ce qui ne passe pas cette fois, ce sont les «dérapages» qu’aurait «commis» le service de presse de l'ONU lors de la couverture des travaux de la quatrième Commission de la décolonisation et très spécifiquement sur la question du Sahara. Des rapports «largement biaisés, caractérisés par un contenu tendancieux digne d'une presse partisane», se plaint le diplomate algérien.
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Et c’est un titre en particulier, donné par le service de l'actualité et des contenus de l'ONU au compte-rendu de la sixième séance de la Commission, diffusé le 12 octobre dernier, qui semble cristalliser ce qui a bien l’air d’une colère mal contenue: "Western Sahara represented by Shadow Republic" ("Le Sahara Occidental est représenté par une république fantôme"). Alors que ce titre reprend une citation d'un intervenant, le représentant algérien n'a pas trouvé mieux que de le citer pour accabler les services de l'ONU qui n'en seraient pas, selon lui, à leur «premier impair». Il est vrai que certaines vérités ne sont pas bonnes à entendre pour le régime algérien...
Entendons-nous bien: nous ne sommes pas en train de parler de médias marocains ou d’autres pays qui soutiennent la thèse du Maroc. Nous parlons de l’ONU, et de ses tentaculaires organes, foncièrement neutres, de presse et de communication. L’Algérie, au travers de son diplomate, n’en a cure. Bessedik va ainsi jusqu’à demander, avec un ton péremptoire, au secrétaire général adjoint (de l’ONU, si, si) de veiller à ce que «ce genre de situations ne se reproduisent». Et comme s’ils étaient des salariés du régime algériens, ceux qui rédigent les communiqués de presse doivent, en bon soldats, s’abstenir d'y introduire leurs propres commentaires.
Mohammed Bessedik et le pays qu’il est censé (bien) représenter oublient que l’ONU est une institution multilatérale, que son rôle est de gérer et de renseigner sur (tous) les conflits dans le monde et qu’elle est, par définition, régie par les principes de neutralité, de non ingérence et de respect des points de vue des uns et des autres. De ce fait, elle est loin de se limiter à une simple caisse de résonance des thèses du Polisario et de son sponsor. Mais visiblement, quand un pays est dirigé par une vision et un parti uniques, certains croient que leur «vérité» (qui reste à définir) est la seule à même d’être entendue et relayée.
Mais au-delà de cette réalité, les lamentations du diplomate à l’ONU informent sur le peu d’arguments dont dispose le régime algérien pour soutenir les thèse de sa création: le Polisario. Pourtant, Alger devrait savoir que l’ONU n’est pas un théâtre des larmes ni de la victimisation à outrance.