Sahara: le département d’Etat US zappe définitivement le référendum d’auto-détermination

Nasser Bourita et le Secrétaire d'Etat américain par intérim, John Sullivan.

Nasser Bourita et le Secrétaire d'Etat américain par intérim, John Sullivan. . DR

Après le secrétaire général des Nations unies, le département d’Etat américain vient également enterrer, par voie de communiqué, l’option de référendum d’autodétermination auquel appellent le Polisario et l'Algérie.

Le 04/04/2018 à 11h05

Le Polisario et son sponsor algérien viennent d’essuyer un nouveau revers. Et celui-là émane du département d’Etat américain. C’était hier, mardi 3 avril, à l’issue de la rencontre à Washington entre le secrétaire d’Etat par intérim, John Sullivan, et le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita. La déclaration du département d’Etat américain qui l’a couronnée est sans appel. "Les Etats-Unis ont exprimé leur engagement en faveur des efforts déployés par les Nations unies pour parvenir à une solution politique, pacifique, durable et mutuellement acceptable au conflit de longue date au Sahara", a ainsi déclaré la porte-parole du département d’Etat, Heather Nauert.

On retiendra deux points essentiels dans cette déclaration. Le premier est que toute solution passe impérativement et exclusivement par les Nations unies. N’en déplaise au Polisario et à son allié et soutien algérien qui poussent vers un élargissement des consultations autour de la question du Sahara à des parties tierces, à commencer par l’Union européenne et l’Union africaine. Le deuxième est qu’à aucun moment l’option de référendum d’autodétermination tant défendu par les séparatistes n’est évoquée dans le communiqué. La disparation du mot autodétermination du communiqué du département d’Etat américain est particulièrement digne d’intérêt et résonne comme une approche pragmatique d’un dossier où l’option d’un référendum est à la fois obsolète et irréaliste. Les gesticulations du Polisario, qui tend à s’installer dans la zone tampon, et de l’Algérie, qui pousse vers un déplacement des populations civiles de Tindouf vers cette région, ressemblent ainsi à une anticipation du fait que ladite option ne figure plus que dans leur propre agenda.

Et pour cause, de même que le département d’Etat américain, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, António Guterres, a appelé à une «nouvelle dynamique» dans le rapport présenté l’année dernière devant le Conseil de sécurité. «J’ai l’intention de proposer que le processus de négociation soit relancé avec une nouvelle dynamique et un nouvel état esprit qui reflètent les orientations du Conseil de sécurité dans le but d’aboutir à une solution politique mutuellement acceptable et qui conduise à la résolution du différend sur le statut ultime du Sahara occidental, y compris par un accord sur la nature et la forme de l’exercice de l’autodétermination», a préconisé Antnio Guterres. Les derniers mots de cette phrase revêtent une importance considérable, dans la mesure où ils ouvraient pour la première fois la voie à des négociations, en vue de définir la nature et la forme de l’exercice de l’autodétermination. Tout est ouvert et tout est remis sur la table pour que cet exercice puisse s’établir aussi d’autres manières, et pas seulement sous la forme du référendum devenu impossible. Dès lors, cette autodétermination peut s’exercer de différentes façons, y compris par celle d'une autonomie réelle qui garantisse aux populations du Sahara une gouvernance spécifique.

Tout comme l’année dernière, le SG de l’ONU, António Guterres, ne fait nullement mention de l’option éculée et impraticable du «référendum d’autodétermination» prônée par Alger et le Polisario. Dans son paragraphe 78, la copie avancée de la première mouture du rapport qui sera présenté le mois courant confirme l’objectif du processus politique qui est de parvenir «à une solution politique sur la base des orientations données par les résolutions du Conseil de sécurité» depuis 2007. António Guterres y appelle au «compromis» et au «réalisme». Et cela veut tout dire.

Par Tarik Qattab
Le 04/04/2018 à 11h05