Le parti de l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, le parti Umkhonto we Sizwe (MK), connu pour ses positions radicales et son soutien historique aux mouvements de libération, a opéré cette semaine un virage diplomatique notable en exprimant son adhésion totale au plan d’autonomie marocain pour le Sahara. Une solution qualifiée de «réaliste et définitive» pour résoudre ce différend régional, rapporte Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du vendredi 13 juin.
Cette annonce, surprenante pour une formation politique traditionnellement perçue comme l’une des plus inflexibles dans son soutien aux causes séparatistes, s’est accompagnée d’une proposition d’alliance stratégique avec le Maroc, englobant les domaines économique et diplomatique.
Les deux nations, liées par un passé de résistance commune au colonialisme, auraient tout à gagner, selon le parti, à un rapprochement favorisant à la fois l’unité continentale et l’émancipation économique de l’Afrique.
Ce ralliement à la position marocaine intervient dans un contexte marqué par une série de reconnaissances anglo-saxonnes, dont celles du Ghana et du Kenya, ainsi que par un partenariat renforcé avec le Nigeria.
Comme le soulignait récemment le magazine Jeune Afrique, les regards se tournent désormais vers l’Afrique du Sud, dernier bastion africain du Polisario, dont l’isolement diplomatique ne cesse de s’accentuer.
Au sein même de l’ANC, parti au pouvoir à Pretoria, des voix influentes plaident pour un réalignement en faveur du Maroc. Une note interne, adressée au secrétariat du parti, a rappelé le rôle historique joué par Rabat dans la lutte contre l’apartheid, offrant notamment un sanctuaire et une formation militaire aux combattants de l’ANC, Nelson Mandela inclus.
Les signataires ont également souligné que la majorité des États africains soutiennent la souveraineté marocaine sur le Sahara, appelant leur pays à privilégier une résolution pacifique du conflit et à se distancer des factions bellicistes.
Cette tendance s’est concrétisée par la récente visite d’une délégation sud-africaine, conduite par Obed Bapela, vice-président du comité des relations internationales de l’ANC, qui s’est entretenu à Rabat avec le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita.
Bien que critiquée officiellement par l’ANC – une réaction perçue comme une concession de pure forme à l’Algérie –, cette rencontre a ouvert la voie à des consultations discrètes visant à affranchir Pretoria de l’influence algérienne, dans un contexte de déclin mondial du soutien au séparatisme.
La donne pourrait encore évoluer avec les spéculations autour d’un éventuel classement du Polisario comme organisation terroriste par l’administration Trump, relaie Al Ahdath Al Maghribia.
Comme le révélait le journal sud-africain The Mail & Guardian, une telle décision placerait l’Afrique du Sud dans une position délicate, risquant elle-même d’être cataloguée comme «État soutenant le terrorisme». Un scénario qui ne fait qu’accélérer la mue stratégique de Pretoria.