Deus Kibamba ne pensait peut-être pas avoir cogné là où ça fait mal au Polisario. Le 28 juin 2017, ce spécialiste des questions politiques, du droit et des relations internationales, a publié un article sous l'intitulé: "le Maroc donne une leçon d'intégration régionale en Afrique". Dans cet article, l'auteur épingle l'erreur commise par l'OUA, ancêtre de l'Union africaine, quand elle avait reconnu et admis en son sein en 1982 "une entité qui n'avait pas les attiributs d'un Etat", en l'occurence la "RASD", saluant en revanche la position de l'Organisation des Nations unies, l'ONU, qui se refuse à reconnaître un tel statut à l'entité fantoche, en estimant que la question du Sahara pourrait être résolue par la voie de la négociation politique. "Le Sahara occidental, explique D. Kibamba, est une ancienne colonie espagnole. Et ce territoire, du point de vue du droit international, est reconnu comme étant un territoire non-autonome", contrairement aux allégations colportées par le Polisario, soutenu par Alger, selon lesquelles le Sahara serait un "territoire occupé"!
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Il n'en a pas fallu plus que ces précisions historiques, de surcroît objectives, pour que le front séparatiste panique et mobilise ses moyens diplomatiques et médiatiques pour attaquer l'auteur de cet article. Voilà ce que cela a donné: un article écrit et publié, dans la presse tanzanienne, par le représentant du Polisario à Dodoma (capitale de la Tanzanie), le dénommé Brahim Salem Busseif, sous ce curieux titre: "La faillite morale"!
Au lieu de répondre aux arguments en béton avancés par le politologue Deus Kibamba, démontrant que le Sahara n'est pas "un territoire occupé", le représentant du Polisario en Tanzanie a emprunté plutôt au vocabulaire de l'invective et de la "complotite" en accusant l'auteur de l'article d'être "un instrument de la propagande marocaine", poussant l'outrecuidance, voire le cynisme, jusqu'à mettre en doute le statut d'expert de D. Kibamba.
Réponse du berger à la bergère. "J'ai été choqué en lisant la réponse de Brahim Salem Buseif. J'ai été encore plus choqué de le voir qualifier le Maroc de force d'occupation", riposte en effet Deus Kibamba, considérant que les allégations du représentant polisarien sont dépourvues de tout fondement juridique. "Après l'annonce de la Marche verte le 16 novembre 1975, le Conseil de sécurité des Nations unies a sitpulé, dans ses résolutions 377 du 22 octobre et 380 du 6 novembre 1975, que la question était susceptible d'être résolue par la voie de la négociation politique, avec la participation d'autres parties", rappelle D. Kibamba, pointant sans la nommer l'Algérie, considérée comme étant une véritable partie dans le conflit créé autour du Sahara.
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"C'est faux de considérer que le Maroc est une force d'occupation", insiste le politologue tanzanien. "L'indépendance obtenue par le Maroc en 1956 n'était pas complète. Car le Maroc était à la fois sous protectorat français et d'autres parties de son territoire étaient occupées par l'Espagne". Ce n'est en effet qu'en 1975 que le Maroc a pu recouvrer son Sahara des mains de l'occupant espagnol, suite à un accord avec le régime du général Franco. Il en ressort, indique D. Kibamba, que le Sahara n'avait qu'un seul et unique occupant, en l'occurence l'Espagne de Franco.
Le reste n'est à l'évidence que mauvaise littérature, conclut le politologue tanzanien. A juste titre, puisque cette littérature éculée, héritée de la défunte époque de la guerre froide, est démentie par la réalité sur le terrain, toutes les résolutions du Conseil de sécurité, sans oublier ce remarquable sursaut de conscience en Afrique notamment quant à cette grossière supercherie algéro-séparatiste.