Quand l’Algérie laisse entendre que la marocanité du Sahara est devenue irréversible

Le Conseil de sécurité de l'ONU.

Le Conseil de sécurité de l'ONU.

Une semaine s’est écoulée depuis l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU, le lundi 30 octobre dernier, de la résolution 2703 sur le Sahara marocain, alors que la «traditionnelle» réaction officielle du régime algérien à ce vote onusien se fait toujours attendre. Seul un média non officiel, mais non moins porte-voix de l’État profond algérien, a laissé transparaître le désarroi de la junte locale, en reconnaissant amèrement que la résolution 2703 «cimente» et renforce davantage la souveraineté marocaine sur son Sahara.

Le 05/11/2023 à 12h03

C’est à travers une réaction timide, voire en catimini, que le régime algérien s’est fait doubler par l’un de ses médias parallèles en vue de dire, une fois n’est pas coutume, certaines vérités, enrobées dans le jargon local, sur la portée réelle de la résolution 2703 concernant le Sahara atlantique, votée lundi dernier par le Conseil de sécurité de l’ONU avec 13 voix pour et 2 abstentions (Russie et Mozambique). Ainsi, Algérie Patriotique, le média du général Khaled Nezzar, a décidé de rompre le silence embarrassé du régime algérien, voire d’expliquer indirectement ce silence en écrivant dans un article paru le vendredi 3 novembre que la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU a été écrite par les États-Unis en vue d’épouser fidèlement «l’argumentaire marocain». Et d’ajouter que cette résolution rend «irréversible» la marocanité du Sahara, et la «cimente davantage», tout en déclarant définitivement «impossible» l’autodétermination revendiquée par l’Algérie.

Le média algérien estime que c’est surtout la faute à la Chine, à laquelle il reproche de ne pas avoir choisi l’abstention comme la Russie, tout en l’accusant d’avoir bradé sa fibre révolutionnaire et maoïste contre le mercantilisme, en défendant ainsi ses intérêts économiques au Sahara marocain, où Pékin a consenti de gros investissements. Cette année donc, et pour la première fois depuis que le Conseil de sécurité de l’ONU examine périodiquement le conflit factice créé autour du Sahara marocain et vote dans la foulée une résolution ad hoc, le régime algérien n’a pas décliné la moindre réaction officielle sur ce dossier dont il a pourtant fait sa «cause» principale, sinon son violon d’Ingres. En effet, sept jours après l’adoption de la résolution 2703 sur le Sahara, un nouveau texte onusien qui tord définitivement le cou aux thèses séparatistes défendues par l’Algérie, aucun communiqué ni déclaration officiels n’ont été exprimés à Alger. Un silence inhabituel qui en dit long sur le dépit amer qui a de nouveau cloué le bec à la «issaba» qui dirige actuellement l’Algérie, à sa diplomatie cacophonique et même à ses médias publics et privés aveuglément suivistes.

Durant plusieurs années, et alors que les résolutions successives du Conseil de sécurité sur le Sahara lui sont généralement défavorables, surtout depuis 2007 et le tournant décisif opéré par le plan marocain d’autonomie et le soutien grandissant qu’il a acquis comme unique solution crédible au conflit artificiel du Sahara, l’Algérie se focalisait sur le seul mot d’«autodétermination» pour exprimer une satisfaction feinte et sauver ainsi la face. Mais depuis 2020, et l’arrivée au pouvoir des nouveaux-anciens généraux et leur marionnette de président, Abdelmadjid Tebboune, le régime algérien n’a cessé d’exprimer ouvertement son «rejet catégorique» des résolutions onusiennes sur le Sahara marocain, à travers des communiqués du ministère algérien des Affaires étrangères «regrettant», voire fustigeant en des termes virulents, le vote du Conseil de sécurité sur le Sahara. Pour ne citer que les derniers cas en date, en octobre 2021, l’Algérie avait immédiatement rejeté la résolution 2602 du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara, alors que l’encre n’avait pas encore séché, la qualifiant de «déséquilibrée» et «partiale». Et pour cause, l’Algérie y est désignée comme principale partie prenante au conflit du Sahara, alors que le plan marocain d’autonomie est érigé comme seule base à toute solution de ce conflit pour lequel un compromis doit être trouvé à travers l’organisation de tables rondes regroupant le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Polisario, sous l’égide de l’ONU.

En octobre 2022, l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a mis de côté les travaux préparatoires du sommet de la Ligue arabe que son pays accueillait comme s’il avait gagné le Graal, pour se fendre d’une déclaration dans laquelle il estime, 48 heures seulement après son vote, que «la résolution 2654 adoptée le 27 octobre 2022 résulte, comme ses devancières… d’un exercice laborieux de rédaction dépourvu de la volonté d’orienter et de stimuler des efforts destinés à préserver la nature de la question du Sahara occidental et à lui appliquer scrupuleusement la doctrine et les bonnes pratiques des Nations unies en matière de décolonisation». Cette année, la «méthode» Ahmed Attaf, revenu aux Affaires étrangères en mars 2023, est restée prisonnière des mêmes travers qui guident la diplomatie algérienne. Les trois voyages marathoniens effectués outre-Atlantique par Attaf, entre août et octobre 2023, n’ont pas permis au remplaçant de Lamamra d’infléchir la position américaine de reconnaissance de la marocanité du Sahara à l’occasion de sa «convocation» à Washington par le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, le 9 août 2003, ni celle de l’ONU, au siège de laquelle Attaf s’est rendu à deux reprises, en septembre et en octobre. Après avoir commis une bourde, en se disant satisfait de la position américaine sur le Sahara, estimant faussement que les États-Unis ne reconnaissent plus la marocanité du Sahara puisqu’ils soutiennent les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU et demandent des «efforts supplémentaires» pour résoudre ce conflit, le ministre des Affaires étrangères algérien a retenté le même coup en s’invitant récemment dans les travées de l’ONU pour faire pression sur certains membres actuels du Conseil de sécurité.

Ainsi, durant toute la semaine qui a précédé le vote de la résolution 2703, Attaf, venu officiellement à New York pour assister aux débats sur l’actuel conflit Israël-Hamas, a surtout élu domicile dans les coulisses du Conseil de sécurité en vue de soutirer un vote négatif à un ou deux membres non permanents, voire un improbable veto russe ou chinois, au moment où ces deux pays étaient en plein bras de fer avec les États-Unis, bloquant chacun les résolutions afférentes au conflit du Proche-Orient. Finalement, l’échec de la diplomatie algérienne a été d’autant plus lamentable que la Russie s’est non seulement abstenue, mais n’a pas eu de propos virulents dans son commentaire après le vote. Le boumédiénisme dans toute sa splendeur, avec son lot de réactions hystériques, qui a caractérisé les trois premières années du mandat de Tebboune a fait long feu. Le régime algérien, qui a essuyé une séquence interminable d’échecs dont le plus retentissant a pour nom les BRICS, semble avoir pris la mesure de son peu de poids régional et compris qu’il ne sert à rien de protester contre une résolution du Conseil de sécurité. La marocanité du Sahara occidental est irréversible.

Par Mohammed Ould Boah
Le 05/11/2023 à 12h03