L’approbation par le gouvernement du projet de loi sur le droit de grève, présenté lundi 3 janvier devant la Chambre des conseillers, a suscité la colère des centrales syndicales, qui ont annoncé une grève générale les mercredi 5 et jeudi 6 février. «Il s’agit de cinq syndicats, avec à leur tête la Confédération démocratique du travail (CDT), suivie par l’Union nationale du travail au Maroc (UNMT), l’Organisation démocratique du travail (ODT), la Fédération des syndicats démocratiques (FSD) et l’Union marocaine du travail (UMT)», rapporte Al Ahdath Al Maghribia du mardi 4 février.
«Les justifications de cette grève sont multiples, à commencer par la persistance du gouvernement à contrer toutes les initiatives à caractère social», souligne Younes Firachine, membre du bureau exécutif de la CDT. Et d’ajouter que son syndicat refuse ce qu’il qualifie de comportement irresponsable visant à «éroder le pouvoir d’achat de la classe ouvrière à travers la poursuite de la hausse des prix, qui n’ont cessé de flamber depuis l’arrivée du gouvernement Akhannouch».
De plus, ajoute-t-il, «le gouvernement continue de porter atteinte aux acquis sociaux des travailleurs en gelant le dialogue social pendant deux sessions successives et en adoptant le projet de loi sur le droit de grève avec des méthodes sournoises». Un communiqué de la CDT indique que cette grève fait suite à la persistance du gouvernement à ralentir le dialogue social et à ne pas tenir ses engagements contenus dans les accords du 30 avril 2022 et du 30 avril 2024. Sans oublier, poursuit la même source, «la poursuite de la hausse des prix et l’aggravation des conditions de vie des citoyens, conduisant ainsi à la dégradation de leur pouvoir d’achat et à l’élargissement du cercle vicieux de la pauvreté et de la vulnérabilité sociale».
Pour sa part, le conseiller parlementaire Khalid Setti, affilié à l’UNMT, a indiqué que «les composantes syndicales de la Chambre des conseillers espéraient que leurs amendements soient pris en compte, notamment la revendication d’élargir la définition de la grève pour qu’elle englobe d’autres catégories et domaines en conformité avec l’article 29 de la Constitution, lequel garantit le droit d’exercer la grève tout en élargissant son exercice sans lier ce droit à la condition de représentativité».
Une source de la majorité souligne que la vision des syndicats se concentre exclusivement sur l’intérêt des salariés, tandis que le gouvernement cherche à établir un équilibre entre l’intérêt de l’employeur et celui du salarié, relaie Al Ahdath Al Maghribia.
De son côté, le secrétariat général de l’UMT a dénoncé «l’alignement du gouvernement aux côtés des employeurs, ses atteintes aux libertés syndicales, la marginalisation des jeunes chômeurs et l’entrave aux services publics tels que l’enseignement et la santé». L’UMT appelle ainsi les fonctionnaires et les ouvriers de tous les secteurs à participer massivement à cette grève pour la dignité et les droits, tout en imputant au gouvernement la responsabilité des tensions sociales et des répercussions sur la paix sociale.