Jouj Bghal

Tarik Qattab.

Tarik Qattab. . Mehdy Mariouch

ChroniqueL’Algérie, aux mains des généraux, a juste tout faux, et se trompe de combat. Le combat algérien, obsessionnellement tourné autour de la question du Sahara, devrait, de fait, être mené en interne.

Le 01/11/2019 à 11h19

Même pour un oublieux et un «je-m’en-foutiste» chronique, il est de ces dates qu’il est impossible de ne pas se rappeler. Nous sommes le 1er novembre. Voici 65 ans, pile, un peuple entamait sa révolution contre le colon français et sa marche vers la liberté, l’indépendance et une pleine souveraineté. Ce peuple, ce sont nos voisins algériens. 1 million de martyrs plus tard, et au prix d’une guerre d’indépendance d’une violence inouïe, la bataille a été remportée. Ce que les dirigeants algériens en ont fait, c’est toutefois là une autre paire de manches.

Fait curieux: c’est ce même vendredi 1er novembre 2019, 65 ans plus tard, que le peuple algérien se donne rendez-vous, pour la 37e fois, dans le but de sortir manifester contre un pouvoir qui a phagocyté un pays pourtant riche de ses ressources naturelles, et sa jeunesse. Aujourd’hui, l’économie algérienne est exsangue, sa société est faite de «hitistes» -de ceux qui tiennent le «heit», soit le mur, et son système politique est devenu tout juste bon à engraisser les puissants, et, accessoirement, à faire taire les démunis, à coup de subventions… et de bastons.

Mais alors que le pays fait aujourd’hui face à sa plus grave crise depuis l’indépendance, que regardent donc les généraux algériens et leurs obligés politiques? Le Maroc. Quoi de mieux, en effet, pour détourner la colère légitime de l’opinion publique, que de lui inventer un ennemi?

Cette stratégie, qui date de plusieurs décennies, a eu pour résultat la création d’un conflit, aussi factice qu’interminable, autour de la remise en question de la marocanité du Sahara, pourtant reconnue par les Algériens intellectuellement honnêtes, ceux «qui savent». Au lieu de se remettre en question, de préparer l’avenir, et faute d’avoir réussi leurs politiques passées et présentes, ces «frères» algériens préfèrent jouer aux perturbateurs. Le tout, au nom de valeurs qu’ils sont bien loin d’incarner. Mais alors qu’ils ont pour habitude de cacher leur jeu derrière un voile de fausse neutralité, et d’un vague principe, celui du «droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», aujourd’hui, alors qu’ils sont clairement aux abois, ils n’hésitent plus à y aller cash.

Lire la très officielle réaction de «déception» du pouvoir militaire algérien à l’égard de la récente résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara, c’est prendre la mesure du tournant majeur que vient de prendre la politique anti-marocaine de l’Algérie. Cette même Algérie, qui s’était jusqu’ici présentée comme un soi-disant «pays observateur» mais qui, à présent, n’hésite plus à se positionner comme partie prenante, et qui n’hésite plus, non plus, à mettre clairement les pieds dans le plat de ce conflit artificiel. Nommément, à «visage découvert», cette fois-ci, et non plus de manière détournée et en sous-main, comme cela a toujours été le cas.

Mais voilà: l’Algérie, aux mains des généraux, a juste tout faux, et se trompe de combat. Le combat algérien, obsessionnellement tourné autour de la question du Sahara, devrait, de fait, être mené en interne. En commençant, d’abord, par accorder le droit au peuple algérien de disposer de lui-même. C’est justement ce que réclame ce même peuple, à cor et à cri, aujourd’hui. 65 ans de dictature militaire: c’est là un triste record mondial, il est temps que cela cesse. Pour qu’émerge une nouvelle génération de leaders avec lesquels un dialogue serait enfin possible, qu’un développement économique et social puisse être (vraiment) amorcé et qu’une construction, celle d’un Maghreb uni, libre et prospère, puisse être envisagée.

Autrement rien ne serait possible à construire et à édifier, et ce n’est pas avec du vieux (que ce soit des hommes ou des stratégies) qu’on peut faire du neuf.

Par Tarik Qattab
Le 01/11/2019 à 11h19

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Analyse intéressante. Je voudrais juste modérer l'enthousiasme que peut susciter l'actuel mouvement populaire algérien. Certes il est en train d'ébranler un régime militaire anti-marocain primaire et surtout nuisible à son propre pays. Cependant ce régime a matraqué le peuple pendant près de 60 ans. Et ceux qui connaissent les Algériens savent que ce peuple gentil et adorable garde tout de même un certain "ressentiment" ou "jalousie" (difficiles à définir) contre les marocains. Des sentiments ambigus. Sur la question du Sahara, je n'ai jamais réussi à avoir une réponse claire de la part d'un Algérien. Au mieux une indifférence (hypocrite ?). Je suis arrivé à la conclusion que le mouvement populaire actuel est une excellente nouvelle et qu'il va, s'il réussit, changer la vie des Algériens. Par contre, ile ne faut pas attendre des miracles sur le plan diplomatique côté marocain et maghrébin. Encore moins sur la question du Sahara. Quant à la sortie de Saadani, une hirondelle n'a jamais fait le printemps.

Le temps joue pour le Maroc. Non seulement, l'argent qui servait de combustible au maintien de ce faux problème par le régime algérien sera bientôt tari et faut s'attendre à ce que le budget habituel soit drastiquement diminué. A court terme, des jours sombres attendent ce pays et m'est d'avis que meme les dirigeants sahraouis se poseront des questions le moment venu sur la conduite à tenir et je serais pas étonné qu'ils tournent le dos à l'Algérie. Autre point avantageux pour le Maroc, la diplomatie algérienne n'est plus ce qu'elle était. le niveau d'incompétence dans laquelle l'a mise le régime est devenu flagrant car l'accès à ce corps ne se fait pas au mérite mais par le truchement des recrutement de complaisance et du système de pistonnage qui fait que les postes à l'étranger sont servis aux proches et aux rejetons du régime. De fait, même si ces diplomates avaient la volonté (douteuse) de défendre la "cause sahraoui", ils ne sauraient pas comment s y prendre. Ainsi, on comprend aisément pourquoi ces "diplomates" usent de logorrhées et d'insultes lors des réunions internationales au lieu d'user de langage et de plans diplomatiques

Monsieur Tarik Qattab, non et non, y a jamais eu 1 millions de victimes algériennes entre 1954 et 1962, des spécialistes dans ce domaine ont revu les chiffres, aucune source sérieuse fiable avec des chiffres officiels n'a reconnu plus 475000 milles victimes ausquels on pourra ajouter les français et françaises, les collaborateurs (harkis) femmes et hommes massacrés durant l'été 1962. le régime d'alger a assis sa pseudo révolution sur le chiffre de 1,5 millions de "martyrs" dans le but de frapper les esprits ça et là algérie intramuros ou extra. Ce régime a usé et use de propagandes enivrant son peuple avec et le dressant contre tous pays qui ne s'inclinent pas devant ses "vérités" surtout sa politique tiers-mondiste, non alignés etc.. d'ailleurs c'est sous cet angle que boumedienne avait juré la perte du "Royaume du Maroc en tant que monarchie détestable aux yeux de ce redevable envers ce Maroc qui l'a hébergé entre 1957 et 1962. sa rage a quintuplé le jour ou M. Jean Daniel éditorialiste et écrivain lui rendit visite et lui annonça la "Marche Verte" de feu Hassan II, il entra dans une colère noir et envoya ses hommes récupérer de populations dans l'Est du Sahara et l'installa chez lui dans le sud, l'arma et la suite vous la connaissez. Quant l'expression "Jouj Bghal", pour certains et nombreux d'ailleurs de nos jours ignorent que ce terme est un extrait de l'expression endroit où se rejoignent les deux Mulets, c'est a dire avant que la voie ferrée soit installée d'Oran a Oujda le courrier était acheminé entre Maghnia et Oujda et vis et vers par deux mules qui partaient avec le courrier de leurs villes respectives et échangeait leurs sacs a cet endroit qui maintenant fait Checkpoint faisant croire au incultes algériens et marocains = deux mulets. Pour leste M.Tarik, le régime d'alger porte une lourde resonsabilité pour ce qui se passe de malsain au maghreb le peuple algérien a aussi sa part de responsabilité, car il a longtemps soutenu et applaudit ce régime soit contre la France (haine cultivée et attisée) et surtout contre ce Maroc ennemie déclaré suite a la guerre des sables et surtout polisario et pour couvrir ce dernier y a eu des expulsions massives en 1975 et fut servie comme argent comptant a ce même peuple qui a soutenu cette "Nakba" adressez-vous a certains de ces expulsés, ils vous confirmeront que lors de leur délogements de leurs domiciles les voisins algériens applaudissaient, l'histoire témoigne, c'est a ce peuple de faire amande honorable et ce ne sra que dans son crédit de peuple qui se veut révolutionnaire et fier

L'on peut que s'incliner devant la pertinence de l'analyse.

On ne peut qu’être d’accord sur l’intégralité du texte,qui appréhende la vision cynique de la junte militaire algérienne avec lucidité et objectivité, cette confrérie maléfique qui comet le crime d’empêcher la construction du Maghreb, en perpétuant une situation de panne de développement de l’Algérie,dont les potentialités sont énormes,avec actuellement une jeunesse qui se tourne vers l’immigration et les barques de la mort ....Oui une junte criminelle...l’histoire est têtue,elle retiendra tout..

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