Histoire: 32 gouvernements ont dirigé le Maroc indépendant, voici les plus marquants

Abderrahman Youssoufi et Hassan II en mars 1998.

Abderrahman Youssoufi et Hassan II en mars 1998. . DR

Revue de presseKiosque360. En un peu plus de 60 ans d’indépendance, le Maroc a connu de nombreux gouvernements. Certains Premiers ministres ont marqué, d’une manière ou d’une autre, son Histoire.

Le 01/10/2021 à 22h46

Avec sa nomination à l’issue des dernières élections, Aziz Akhannouch dirigera le 32e gouvernement depuis l’indépendance du Maroc. Jusqu’à la fin du siècle dernier, c’était le défunt roi qui choisissait, lui-même, les Premiers ministres, parmi des responsables de partis ou hors du champ politique. C’est sans doute pour cette raison que certaines personnalités ont dirigé de nombreux exécutifs, comme c’est le cas de Karim Lamrani, ce qui lui a valu le titre du «Joker» de feu Hassan II, écrit le quotidien Al Massae dans un dossier consacré à ce sujet dans son édition du week-end des 2 et 3 octobre.

Hormis le gouvernement d’Abdellah Ibrahim, surnommé «gouvernement des nationalistes», d’ailleurs de courte durée, tous les autres Premiers ministres ont été désignés par le roi sans forcément tenir compte des résultats des élections. Ce n’est que depuis 2007 que la méthodologie démocratique, consacrée par la Constitution de 2011, a été régulièrement respectée lors de la nomination du Premier ministre, puis du chef de gouvernement.

En remontant l’Histoire, le quotidien rappelle que le premier gouvernement du Maroc moderne a été dirigé par Mbarek Lahbil El Bekkay, nommé en décembre 1955 et reconduit le 28 octobre 1956. Sa mission se limitait à la conduite des négociations ayant abouti à la signature de la déclaration de l’indépendance.

Ahmed Balafrej, qui lui a succédé, fut le premier istiqlalien à diriger un gouvernement. Son mandat, souligne le quotidien, a été marqué par sa défense obstinée des ministres istiqlaliens qu’il considérait comme les plus aptes aux postes de ministres. Son gouvernement a éclaté suite à la démission de l’un de ses ministres, Abderrahim Bouabid. Ce qui a ouvert la voie à la nomination du gouvernement d’Abdellah Ibrahim.

Ce dernier, estime le quotidien, a dû faire face à une «cinquième colonne» qui a fini par le torpiller. Son gouvernement a duré moins de deux ans, du 16 décembre 1958 au 10 mai 1960. Son éviction, estime-t-on, a mis fin à un élan démocratique sur lequel comptait le Maroc pour sa reconstruction. Le gouvernement d’Abdellah Ibrahim, rappelle le quotidien, avait mis au point une feuille de route pour le décollage économique du pays qu’il avait commencé à mettre en œuvre avant que son projet de construction d’un Maroc moderne ne soit avorté. Il a dû faire face non seulement à un gouvernement de l’ombre ou cinquième colonne, conduit par Ahmed Reda Guedira, mais également à une farouche opposition de l’Istiqlal. Mais en 20 mois, il a pu marquer l’Histoire du Maroc, au point que même le titre qu’il portait, «président du Conseil», a été abandonné depuis.

D’après Al Massae, l’un des membres de ce «gouvernement de l’ombre», artisan de la destitution de l’équipe Abdellah Ibrahim, n’est autre que Mohamed Bahnini qui, en quelque sorte, a été récompensé pour son action, en devenant lui-même Premier ministre. Il a été nommé par feu Hassan II le 13 novembre 1963, mais, lui non plus n’a pas duré au poste. Sa chute a été causée par les événements de Casablanca. Mais bien avant son départ le 7 juin 1965, le gouvernement Bahnini a chancelé sans tomber au milieu de son court mandat puisqu’il a fait l’objet d’une motion de censure présentée par l’opposition socialiste en 1964.

Au sortir de l’état d’exception, décrété en 1965, feu Hassan II a fait le choix de nommer un Premier ministre sans appartenance politique. Et c’est l’homme d'affaires Mohamed Karim Lamrani qui a été nommé au poste en 1971. Le «Joker» de Hassan II a été reconduit, depuis, à plusieurs reprises. Et d’après le quotidien, les mandats de Karim Lamrani ont coïncidé avec les principales crises et des événements politiques majeurs que le Maroc de l’après-indépendance ait connus. Il a été nommé en remplacement d’Ahmed Laraki, juste après la tentative du coup d’Etat de Skhirat. Il est revenu aux affaires en 1983, après le gouvernement de Maâti Bouabid, marqué par le démarrage du programme d’ajustement structurel, le PAS. Il a été encore une fois nommé en 1992 au moment où le projet d’une première alternance politique avait été discuté, puis abandonné.

Cet ancien directeur de cabinet d’Abderrahim Bouabid, alors ministre de l’Economie et des finances, a été reconduit au poste de Premier ministre en 1994. Il était là au moment où le Maroc a fait face à une grave crise financière, au point qu’il a été considéré plus tard comme le véritable ministre des Finances de feu Hassan II, écrit le quotidien.

Al Massae a également évoqué le cas du beau-frère de feu Hassan II, Ahmed Osmane, qui a conduit deux gouvernements, entre 1972 et 1977, avant de se consacrer entièrement à la construction et à la gestion du parti qu’il a fondé, le RNI. C’est pratiquement le même scénario pour l’un de ses successeurs, Maâti Bouabid, appelé à diriger le gouvernement le 22 mars 1979. Il a quitté l’Exécutif en 1983 après avoir assuré la mise en place du PAS, pour aller, lui aussi, se consacrer à son parti qu’il venait de fonder, l’UC.

Le cas d’Abdellatif Filali a également été mentionné par le quotidien pour avoir dirigé plusieurs gouvernements, dont celui d’avant l’alternance conduite par Abderrahman Youssoufi. Ce dernier a non seulement assuré la transition politique, mais il s’est également démené pour éviter au Maroc la fameuse «crise cardiaque».

Bien sûr, le quotidien est revenu sur le projet de la première alternance puis sur l’abandon, dans des conditions presque similaires, de la «méthodologie démocratique» à la fin du mandat du gouvernement Youssoufi.

Pour finir, Al Massae s’est attardé sur le cas d’Abdelilah Benkirane qui, avec son parti, a largement bénéficié de la réforme constitutionnelle de 2011 et donc de la consécration de cette méthodologie démocratique. Le mandat de Benkirane, surtout le deuxième qui n’a pas abouti, a été marqué, conclut le quotidien, par un long blocage politique qui a coûté énormément au pays.

Par Amyne Asmlal
Le 01/10/2021 à 22h46