En moins de deux semaines, trois violations ont été enregistrées dans la zone saharienne censée être démilitarisée en vertu de l'accord de cessez-le-feu signé le 6 novembre 1991. Tout a commencé un certain 25 décembre 2017, quand le Polisario annonce l'organisation, dans la localité d'Agouinit, évacuée par les Forces armées royales au début des années 90, dans un geste de bonne foi et pour ne pas se retrouver nez à nez avec les éléments armés du Polisario, d'un "exercice militaire", "sous la supervision" du chef du front séparatiste, Brahim Ghali. Le360 avait épinglé une "première violation de l'accord de cessez-le-feu", après la crise savamment orchestrée à l'été 2016 et jusqu'au mois d'avril 2017 dans la région de Guerguerat, d'où le Polisario a retiré ses éléments armés de peur de représailles de la part du Conseil de sécurité.
Après cette mise en scène, relayée à grand renfort de manchettes par les sites de propagande algéro-séparatistes, le Polisario a refait des siennes et s'est permis une nouvelle incursion, mercredi 3 janvier 2018, dans la région de Guerguerat, où il a envoyé des éléments, en treillis et armés jusqu'aux dents, pour intercepter un véhicule à bord duquel se trouvaient des civils marocains qui voulaient regagner la Mauritanie, via la ville de Dakhla. Le Maroc avait en effet protesté auprès de la Minurso qui est intervenue, le même jour, auprès des éléments armés du front séparatiste qui, après une heure et demie de provocations, ont quitté les lieux pour se replier vers les environs de Guerguerat.
Lire aussi : Sahara: le SG de l'ONU rappelle le Polisario à l'ordre
Deux jours plus tard, précisément le vendredi 5 janvier, retour à la charge de la part du Polisario qui, cette fois, envoie à Guerguerat deux pick-up, avec à bord quatre éléments de la prétendue "police civile sahraouie"!
Tout indiquait alors que le Polisario voulait à nouveau faire monter les enchères autour de cette région extrêmement vitale au "trafic routier" entre le Maroc et sa profondeur subsaharienne. Simplement, le timing de cette énième mise en scène, vraisemblablement planifiée dans les bureaux feutrés des officiers de la sécurité militaire algérienne, n'était pas fortuit.
Ne nous y trompons pas: cette nouvelle escalade polisarienne n'est pas liée à une quelconque volonté de faire pression pour relancer le processus de négociations. Le Polisario sait qu'il est aujourd'hui plus que jamais fragile, il a "réussi" à se mettre à dos une communauté internationale majoritairement acquise à la thèse marocaine. Il n'est qu'à relire la résolution 2351 du Conseil de sécurité et le premier rapport du SG de l'ONU sur le dossier pour se rendre compte que l'option éculée du "référendum d'autodétermination" est enterrée à jamais.
Gesticulation du Polisario: faux alibis, vraies raisonsCe n'est donc pas un coup de dé si le Polisario se manifeste à nouveau dans la région de Guerguerat. Qu'est-ce qui l'a amené alors, pour ne pas parler de son mentor algérien, à multiplier les signes d'escalade? Il suffit, pour se rendre compte du pourquoi de cette gesticulation, de consulter le site d'Africa Eco Race, rallye-raid international, né en 2009, en substitution au Rallye Paris-Dakar, déplacé depuis 2008 vers l'Amérique du sud en raison des menaces d'attaques proférées par le Polisario et les groupes terroristes qui faisaient rage dans la région sahélo-saharienne. En effet, Africa Eco Race, qui se prépare à traverser Guerguerat ce lundi 8 janvier, en provenance de la France et en passant par le Maroc, affiche la carte tout entière du royaume, de Tanger à Lagouira. Ce rallye, créé d'un commun accord entre les organisateurs et les pays africains traversés, notamment le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal, dérange au plus haut point le Polisario, qui veut à tout prix faire obstruction à sa poursuite.
Lire aussi : Omar Hilale: «Le Polisario saborde le processus politique à Guerguerat»
La position du Polisario rappelle curieusement son agitation autour du Forum suisse Crans Montana, organisé annuellement dans la ville de Dakhla. Elle remet à l'esprit aussi les pratiques de gangstérisme de ce front qui, à l'instar des organisations terroristes, brandissait l'épouvantail de la terreur à l'encontre des transporteurs marocains empruntant le seul couloir terrestre reliant le sud du royaume au nord de la Mauritanie.
Il en ressort que la gesticulation actuelle du Polisario participe davantage de cet esprit de terreur que d'une réelle volonté de relancer le processus de dialogue pour trouver une issue au conflit, dont tout le monde sait qu'elle est entre les mains d'Alger, considérée comme étant "partie prenante" au conflit dans la résolution 2351, adoptée fin avril 2017 à l'unanimité des Quinze membres du Conseil de sécurité.
© Copyright : DR