Fès: une élue derrière les barreaux pour «détournement de fonds publics» et «corruption»

DR

Revue de presseSara Khaddar, ex-conseillère municipale à Fès, élue du Rassemblement national des indépendants (RNI, majorité), se retrouve sous le coup de poursuites judiciaires, pour son rôle présumé d’intermédiaire entre Abdelkader Boussiri, l’ancien adjoint au maire en charge des marché publics, aujourd’hui condamné, et plusieurs entrepreneurs, pour l’obtention de marchés publics et de bons de commande, en échange d’argent. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 11/02/2025 à 19h37

Le juge d’instruction de la première Chambre chargée près la Cour d’appel de Fès a décidé hier, lundi 10 février, de poursuivre la conseillère municipale de Fès, Sara Khaddar, en état d’arrestation.

Le magistrat a ordonné son placement à la prison de Bourkaiz, à la périphérie de la ville, et l’a inculpée pour «participation à la dilapidation de fonds publics», «corruption» et «trafic d’influence», indique Al Akhbar de ce mercredi 12 février.

La police judiciaire de Fès avait présenté lundi dernier cette conseillère en état d’arrestation devant le premier substitut du procureur général du Roi près la Cour d’appel.

Après l’avoir interrogée sur les accusations portées à son encontre, le magistrat l’a déférée le jour même devant le juge d’instruction en charge des crimes financiers, qui l’a confrontée sur ses liens avec un ex-député du parti socialiste, Abdelkader Boussiri, quant à lui condamné à huit ans de prison, en particulier à propos de son rôle d’intermédiaire avec plusieurs entrepreneurs, pour l’obtention de marchés publicsn et de bons de commande en échange d’argent, écrit Al Akhbar.

Les autorités émiraties avaient extradé cette conseillère vers le Royaume, après son arrestation par la police des frontières à l’aéroport de Dubaï, alors qu’elle venait d’atterrir de Turquie, où elle avait séjourné plus d’un an.

La conseillère municipale de Fès faisait l’objet d’un mandat de recherche international figurant dans la base de données d’Interpol et émis par la police judiciaire marocaine.

Le nom de Sara Khaddar, qui occupait le poste de vice-présidente de l’arrondissement de Saïss à Fès, et qui était une élue du RNI, avait été cité par plusieurs accusés dans l’affaire Boussiri.

Elle était suspectée d’intervenir auprès de l’ancien député en faveur d’entrepreneurs cherchant à obtenir des marchés publics de la municipalité de Fès, en échange de rétributions.

Convoquée dans un premier temps pour être entendue par la police, elle ne s’était pas présentée, ce qui avait poussé le procureur général du Roi à décréter une interdiction de quitter le territoire à son encontre, le 6 octobre 2023.

Cependant, l’élue du RNI avait réussi à quitter le pays pour la Turquie un jour avant la mise en application de cette interdiction.

Suite à ce fait, les autorités judiciaires marocaines avaient émis un mandat d’arrêt international contre elle.

Selon des sources informées interrogées par Al Akhbar, Sara Khaddar était considérée comme étant la «boîte noire» d’Abdelkader Boussiri, qui sélectionnait des entreprises pour l’obtention de bons de commande et de marchés publics annoncés par la municipalité de Fès.

Abdelkader Boussiri était assisté par des intermédiaires chargés de trouver des entreprises désireuses de remporter ces contrats de manière illégale, en échange d’une commission de 10% du montant total du marché ou du bon de commande.

Ces sommes lui étaient reversées, en raison de son rôle d’adjoint au maire, en charge des marchés publics.

Sara Khaddar quant à elle, faisait partie de ces intermédiaires, et agissait avec une autre personne pour négocier l’attribution des marchés en échange de pots-de-vin.

L’enquête a permis de révéler que la grande majorité de ces bons de commande étaient directement attribuée à des entreprises, dont les dirigeants «s’arrangeaient» pour établir des devis fictifs, avec deux sociétés concurrentes.

Les membres de la commission chargée de l’ouverture des plis signaient ensuite un procès-verbal fictif, validant cette procédure frauduleusement menée.

Par Walid Ayadi
Le 11/02/2025 à 19h37