Discours du roi à Riyad: un appel à une nouvelle approche des relations inter-arabes

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Plusieurs politologues marocains ont qualifié "d'historique" le discours prononcé par le roi Mohammed VI, mardi, au sommet des chefs d'Etat des pays membres du Conseil de coopération, réunis à Riyad. Ce discours "réaliste", ont-ils affirmé, constitue "une nouvelle approche".

Le 21/04/2016 à 00h41

Mohamed Talib (Chercheur universitaire): "C'est un discours révolutionnaire dans le sens où il a recadré l'ONU et exprimé le sentiment arabe face aux dérapages et à la politique des deux poids deux mesures de l'ONU, y compris en Occident. C'est un discours très fort qui exprime la fermeté et l'unanimité du roi et du peuple marocain au sujet de l'intégrité territoriale. Il s'agit d'un discours serein et réaliste, qui dévoile aussi les complots qui se trament contre le monde arabe. C'est une invitation à la vigilance et à l'unité inter-arabe pour faire face à ces graves défis".

Khalid Naciri (politologue et spécialiste du Sahara): "Il s'agit d'un discours de clarté dans l'examen de grands dossiers qui interpellent le monde arabe. Le dossier arabe a constitué un temps fort et essentiel dans le discours qui a invité les protagonistes, notamment l'Occident, à assumer leurs responsabilités dans un contexte politique très tendu. Il s'adresse à la communauté internationale qui doit traiter le monde arabe avec plus de circonspection, notamment pour préserver la paix et la sécurité internationales. Au sujet de la question du Sahara marocain, le souverain a réaffirmé la fermeté du Maroc quant à ses droits, ainsi que le soutien et l'engagement des pays du golfe au côté du royaume".

Mustapha Shimi (universitaire): "Le souverain a appelé à une nouvelle méthodologie des relations inter-arabes pour les inscrire dans un cap unitaire, de solidarité et de coopération renforcée. C'est un discours interpellatif d'une vision intéressant non seulement le Maroc et les pays du Golfe, mais également le monde arabe. Le souverain a insisté sur la nécessité d'une nouvelle approche qui doit tourner le dos aux rendez-vous sans réelle portée et aux conférences stériles. Il a insisté sur les contraintes qui pèsent sur les pays arabes sur les plans socio-économique et sécuritaire, les invitant à nouer entre eux des liens de coopération et de solidarité".

Moussaoui El Ajraoui (politologue): "C'est un discours fort, clair et direct qui a mis en lumière la douloureuse situation dans laquelle se trouve le monde arabe et les menaces qui guettent son destin. Aucun des dirigeants arabes n'a présenté jusqu'ici une analyse aussi pertinente sur la relation géostratégique entre le monde arabe et l'Occident. Il s'agit d'un appel à une révision de l'action inter-arabe et à la renaissance d'une force arabe pour faire face aux différents défis. Concernant la question du Sahara, le souverain a une nouvelle fois dénoncé les manœuvres qui se trament au niveau du secrétariat général de l'ONU contre l'intégrité territoriale et nationale du pays".

Saoud Al Atlassi (politologue, membre de l'USFP): "Le roi a été clair avec l'Occident. Il lui a fait endosser la responsabilité de la situation que traverse un monde arabe déchiré. Ce monde occidental qui applique la devise "d'un désordre créateur d'un nouvel ordre". Le souverain a posé les bases d'une nouvelle vision pour faire sortir le monde arabe de sa crise et de sa léthargie. L'Occident a commis l'erreur d'encourager les mouvements d'opposition armés en marginalisant les courants politiques démocratiques. Au-delà des relations qui lient le Maroc aux pays du Golfe, le discours du souverain constitue une vision stratégique et une orientation historique pour faire sortir le monde arabe de la crise".

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 21/04/2016 à 00h41