Démolitions au quartier L’Océan: le Conseil de la ville de Rabat au bord de l’implosion

Abdelilah Idrissi Bouzidi, chef du district de l'Agdal à Rabat, Fatiha El Moudni, maire de Rabat, Abdul Fattah Al-Aouni, président du conseil du district de Yaacoub El Mansour.

Revue de presseDe vives tensions ont éclaté lors de la dernière session du Conseil de la ville de Rabat, après qu’un élu du FGD a attaqué la majorité concernant les opérations de démolition lancées dans certains quartiers. Cette revue de presse est tirée d’un article d’Al Akhbar.

Le 08/05/2025 à 18h51

Le Conseil de la ville de Rabat a connu une session de mai particulièrement agitée. En cause: de vives altercations verbales entre plusieurs élus, qui ont fortement tendu l’atmosphère des travaux.

Dans son édition du vendredi 9 mai, Al Akhbar rapporte que les tensions entre élus sont liées à la controverse entourant des décisions de démolition concernant les quartiers de l’Océan et de Sania Gharbia. Ce débat, ajoute la même source, a été déclenché par le conseiller communal Farouk Mehdaoui, élu de la Fédération de la gauche démocratique (FGD) à Rabat (opposition), qui a soulevé la question bien qu’elle ne figurât pas à l’ordre du jour.

D’après Al Akhbar, tout a commencé lorsque l’élu de la FGD a adressé des accusations directes à l’encontre de la majorité, lui reprochant son indifférence face aux souffrances des citoyens et une «absence de cohésion». Ces propos ont provoqué des réactions outrées chez plusieurs membres de la majorité, qui l’ont à leur tour accusé de «surenchère» et d’«incitation au désordre».

La situation a dégénéré lorsque certains habitants des quartiers concernés, présents dans la salle, ont interrompu l’intervention de Farouk Mehdaoui en scandant des slogans. L’élu a dû quitter la salle, escorté par des employés du conseil.

Par la suite, rapporte Al Akhbar, Mehdaoui a traité ces habitants de «voyous», affirmant que certains d’entre eux sont devenus «conseillers» de facto au sein du conseil municipal. Il a également dénoncé ce qu’il appelle «la normalisation du conseil avec le chaos et le recours à des opposants pour faire taire l’opposition».

Ces déclarations particulièrement virulentes ont suscité l’indignation d’élus de la majorité. Al Akhbar rapporte qu’un conseiller a mis en garde contre les dérives vers un discours de tension et de dénigrement. Il a estimé que les surenchères politiques ne servent ni le débat public ni l’image de l’institution, et a appelé au respect des règles du débat démocratique, dans l’intérêt des citoyens et dans un cadre responsable.

Par la suite, Farouk Mehdaoui a été accusé d’avoir intentionnellement attisé les tensions, notamment après une publication dans laquelle il qualifie la session de mai de «session de la honte», appelant à une «protestation civile et pacifique contre l’arrogance du pouvoir et la complicité du conseil».

Comme le rappelle Al Akhbar, Mehdaoui fait déjà l’objet de neuf plaintes déposées par des fonctionnaires du conseil, dont trois ont donné lieu à des auditions. Ces plaintes s’inscrivent dans un contexte de tensions grandissantes entre majorité et opposition à la mairie de la capitale.

La présidente du conseil, Fatiha El-Moudni, membre du Rassemblement National des Indépendants (RNI), a elle-même déposé plainte contre l’élu du FGD, après que ce dernier a dénoncé des «irrégularités dans le concours de compétence professionnelle» récemment organisé par la commune.

Cette affaire, précise le journal, est toujours en cours devant la justice, mais elle a exacerbé les divisions internes au conseil. Certains élus de l’opposition y voient une tentative de museler les voix, tandis que les proches de la maire défendent son «droit légal à répondre à des accusations infondées», selon leurs propos.

Par Fayza Senhaji
Le 08/05/2025 à 18h51