«La situation financière de la ville de Casablanca n’est pas confortable. On ne peut pas gérer la capitale économique avec une enveloppe de 3,5 milliards de dirhams», regrette Nabila Rmili, maire de Casablanca, le mercredi 5 octobre dernier au cours de de la session normale du Conseil communal.
Depuis quelques années, Casablanca ressemble le plus à un mégachantier à ciel ouvert. Lignes T3 et T4 du Tramway, lignes de busway, de nouveaux ponts et passages sous-terrain… Autant de projets entamés ou en cours, nécessitant des méga-budgets pour en financer les travaux. Le Conseil communal dispose-t-il de suffisamment de ressources pour couvrir ses charges? Pas du tout, réplique la maire, qui dirige la plus grande ville du Royaume depuis une année.
«Tout citoyen casablancais qui a besoin de prestations doit donner à la ville ce qui lui est dû», poursuit Nabila Rmili. Pour la présidente du Conseil communal, selon laquelle la ville «n’est pas en crise financière», Casablanca souffre plutôt d’«un dysfonctionnement clair de la part de l’administration». Et la maire a déjà une première solution pour renflouer les caisses de la commune: le recouvrement des redevances.
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«On va enclencher un processus normal de recouvrement des redevances. Il y a un travail qui se fait aujourd’hui avec le trésorier et les services régionaux des impôts pour qu’on puisse arranger la situation», a-t-elle expliqué, interrogée par Le360.
Un processus certes «normal», mais laborieux. Et pour s’y mettre, le Conseil de la ville a joint ses efforts à ceux des services de la Wilaya de la région Casablanca-Settat et des impôts pour recenser «ceux qui échappent aux radars du fisc». Il s’agit, selon les propos de Nabila Rmili, des nouveaux lotissements, immeubles et espaces commerciaux, qui «ont été créés et qui ne s’acquittent pas de la taxe des services communaux».
Traquer les «fraudeurs»En plus de ceux qui ne s’acquittent pas de leurs obligations fiscales formelles, la maire affiche sa détermination à s’attaquer à la fraude fiscale par sous-déclaration des revenus. Et elle sait pertinemment que la ville qu’elle dirige «dispose d’un potentiel fiscal important». Sa première cible est déjà déterminée: les cafés et les restaurants assujettis à la taxe sur le débit de boissons.
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«Nous avons constaté que la valeur déclarative au niveau des services des impôts n’est pas équivalente à la valeur déclarative au niveau de la commune», fulmine Nabila Rmili, selon laquelle «la loi nous permet de contrôler ces établissements. Aujourd’hui on va utiliser ce droit, car c’est un devoir et une nécessité loin de toute complaisance et abus».
Il convient de préciser que cette taxe est applicable sur les débits de boissons où se vendent ou se consomment les boissons dans le territoire des seize arrondissements de la commune de Casablanca. Cette taxe, soit 8% des recettes annuelles résultant de la vente de boissons hors TVA, est instituée sur les recettes issues de la vente de boissons consommées sur place, sans que soit comptée la taxe sur la valeur ajoutée.
Dans la même lignée de mesures, la maire compte aussi «revoir la valeur locative des espaces administrés par le Conseil communal», a-t-elle annoncé. Les responsables locaux ont d’ailleurs déjà entamé cette procédure en identifiant 1.400 espaces dont la valeur locative est nettement inférieure à celle du marché. Une opération de classification de ces espaces a ainsi débuté afin de revaloriser les biens du Conseil et choisir le mode adéquat à leur exploitation.
Taxer les surproducteurs de déchetsEn plus des cafés, les grands snacks et restaurants sont aussi dans la ligne de mire de la maire. Ceux-ci seront amenés à contribuer au financement des services de collecte des déchets.
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«L’utilisation des bacs (de collecte des déchets, Ndlr) est exclusive aux habitants de la ville. On a remarqué que le degré de passage des camions à ordures se multiplie par dix dans certaines zones. C’est ce qui fait que les bacs sont tout le temps surchargés et qu’on trouve des décharges par terre», fait remarquer Nabila Rmili, qui explique que «ce que nous avons calculé comme besoin de bacs pour les citoyens et juste insuffisant vu cette surconsommation de la part de certains restaurants et hôtels».
Ces derniers devront payer une «taxe supplémentaire pour contribuer à la collecte des ordures», explique la maire.
Dans le détail, «les grands consommateurs qui produisent plus d’une tonne de déchets par jour devront payer entre 350 et 500 dirhams par tonne», explique Moulay Ahmed Afilal, vice-président de la Commune de Casablanca, chargé du nettoiement, interrogé à ce propos par Le360.
«La pesée des déchets produits par ces établissements sera faite à l’entrée de la décharge pour fixer le montant à payer par chacun des grands consommateurs», poursuit-il. Il convient de préciser que cette décision doit être approuvée lors de la session du Conseil de la ville de mercredi 19 octobre 2022, avant d’entrer en vigueur.
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Avancer de 10% par rapport à 2021L’ensemble des mesures engagées par la mairesse devront permettre au Conseil communal de la métropole de booster ses recettes. Lors de la session de mercredi 5 octobre, Nabila Rmili s’est montrée confiante sur ce point. «On table sur une hausse de 10% du budget du Conseil communal au titre de l’année 2023. On prévoit de récolter 4,2 milliards de dirhams ce qui sera une première pour le Conseil», a-t-elle annoncé.
Ces ambitions ne s’arrêtent pas ici. La maire de Casablanca s’est assigné pour objectif de maintenir à 10% le taux d’évolution annuel des recettes durant son mandat pour dépasser 5 milliards de dirhams en 2025. «Cet objectif est réaliste et réalisable», conclut Nabila Rmil, selon laquelle les Casablancais doivent fournir des efforts et soutenir le Conseil communal dans son ultime objectif: «rendre à Casablanca la place qui lui revient».