Comment la région Casablanca-Settat fait face au stress hydrique

Abdellatif Maâzouz, président de la région de Casablanca-Settat. 

Abdellatif Maâzouz, président de la région de Casablanca-Settat.  . Khalil Essalak / Le360

Le 08/10/2022 à 13h29

VidéoAvec 125 communes rurales, générant une pression énorme sur les ressources en eau, et une forte densité démographique, Casablanca-Settat est la région la plus touchée par le stress hydrique. Pour y faire face, elle multiplie les actions pour sécuriser cette ressource. Le point avec son président, Abdellatif Maâzouz.

Casablanca-Settat est la région la plus touchée par le stress hydrique au Maroc. Elle est réputée par sa densité de population, mais aussi par ces 125 communes rurales, générant une pression énorme sur l’eau, en raison de son écosystème d'agribusiness.

Approché par Le360, Abdellatif Maâzouz, président de la région de Casablanca-Settat, a reconnu que cette région connaît l'un des plus forts taux de stress hydrique au niveau du Royaume. Pour faire face à ce déficit hydrique, la région a procédé à un ensemble d’actions.

«Il s'agit tout d'abord de rationaliser l'eau, au moins en termes de pertes, à travers les réseaux de distribution. Il est aussi question de sensibiliser la population pour qu’elle réduise sa consommation, en évitant le gaspillage de cette denrée, de réutiliser de plus en plus les eaux usées et d'installer des stations de dessalement», a-t-il expliqué.

Abdellatif Maâzouz a rappelé, dans ce sens, le lancement du projet de station de dessalement d’eau de mer de Casablanca, lequel s'inscrit dans le cadre du programme national pour l'approvisionnement en eau potable et l'irrigation pour la période 2020-2027. Celui-ci consiste en le dessalement de 300 millions de m3 d'eau.

L’aire concernée par le projet est répartie en trois zones géographiques avec une population estimée à environ 6,7 millions d’habitants en 2020: la zone du Grand Casablanca (la wilaya de Casablanca, Mohammedia et les centres urbains et ruraux avoisinants et les projets touristiques et industriels, la zone de Berrechid-Settat, la zone d’El Jadida-Azemmour).

Abdellatif Maâzouz a aussi cité le transfert de l’eau du barrage de garde au niveau du bassin de Sebou vers le bassin de Bouregreg au niveau du barrage de Sidi Mohamed Ben Abdellah, pour un budget de 6 milliards de dirhams. A cela s’ajoutent des projets de réutilisation des eaux usées dans l’irrigation des espaces verts depuis les deux collecteurs que compte Casablanca, et la mise en place de 42 points de petites et moyennes stations de dessalement d’eau pour un budget global de 1,2 milliard de dirhams.

«Nous avons essayé de travailler avec nos deux principaux partenaires, à savoir le ministère de l’Intérieur et celui de l’Equipement et de l’Eau pour mettre en œuvre un ensemble de solutions, notamment à travers la mobilisation de ressources financières dans le cadre de notre plan de développement régional. Dans ce plan, les questions de l’eau et de l’environnement prennent une importance très particulière puisque c’est à peu près 9 milliards de dirhams qui sont réservés à ces questions», a-t-il ajouté.

Abdellatif Maâzouz a, par ailleurs, expliqué que selon les prévisions du plan de développement régional, un déficit de 330 millions de m3 est attendu en 2025 et que si rien n’est fait, ce déficit pourrait atteindre 417 millions de m3 en 2030, d’où l’intérêt de continuer à prendre des mesures urgentes pour faire face au stress hydrique.

Rappelons que selon un rapport de la Banque mondiale, publié en juillet 2022, les ressources hydriques renouvelables disponibles au Maroc ont diminué, entre 1960 et 2020, pour passer de 2.560 m3 à environ 620 m3 par personne et par an, entraînant le pays dans une situation de stress hydrique structurel. Sur la même période, le Royaume a construit plus de 120 grands barrages, multipliant par dix la capacité de stockage de l'eau.

Le volume réel d'eau stocké dans les principaux barrages du pays a toutefois diminué pendant la majeure partie de la dernière décennie. Et, lors de la dernière sécheresse, le taux de remplissage global n’était que d’environ 33%, menaçant la sécurité hydrique dans certains bassins hydrographiques et conduisant les autorités à adopter des mesures d'urgence.

Par Hajar Kharroubi et Khalil Essalek
Le 08/10/2022 à 13h29