Le nom de l’album, Bababa World, intrigue autant qu’il amuse. Dystinct, l’artiste belgo-marocain, de son vrai nom Ilyass Mansouri, lève le voile sur cette étrange formule qui semble tirer ses racines de ses propres chansons: «C’était une phrase spontanée que je lançais avant le début de mes morceaux. Avec le temps, elle est devenue ma signature vocale», explique-t-il. Cette exclamation «babababa» résonne désormais comme un fil rouge dans sa musique, une manière pour lui de créer un lien familier et immédiat avec son public.
L’album, sorti récemment, regorge de collaborations internationales, un choix assumé pour faire voyager sa musique bien au-delà des frontières. «Je suis fier de travailler avec des artistes venus d’ailleurs tels que J.Balvin, mais je fais toujours en sorte que notre langue et notre culture s’y faufilent. Même quand je chante dans d’autres langues, je veux que le monde entende la darija», affirme Dystinct, fidèle à ses racines malgré sa palette linguistique impressionnante. Il chante en cinq langues, mais garde cette touche marocaine qui colore ses refrains et séduit bien au-delà du royaume.
Avec sincérité, il confie un rêve qui ne l’a jamais quitté: «J’aimerais chanter un duo avec Drake. Je suis un immense fan de cet artiste». Ambitieux mais les pieds sur terre, Dystinct voit grand sans jamais renier son parcours.
Un parcours qu’il n’oublie pas de relier à ses débuts au Maroc, où tout a véritablement commencé. Il se souvient avec émotion de son premier concert à Casablanca. Un événement qu’il a organisé lui-même, avec une entrée gratuite pour le public. «C’était une manière de remercier les Marocains qui m’ont soutenu depuis le début», raconte-t-il. Ce geste, rare dans une industrie souvent marquée par la rentabilité, révèle l’attachement profond de l’artiste à ses origines.
Parmi ses titres, une chanson s’est démarquée de manière inattendue: Ghazali. Propulsée sur le devant de la scène pendant la Coupe du monde, elle a rencontré un succès international. «Je ne m’attendais pas à un tel engouement. Cette chanson m’a ouvert beaucoup de portes», se rappelle-t-il, encore surpris de l’ampleur du phénomène.
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Curieux et attentif à la scène locale, Dystinct ne cache pas son admiration pour les artistes marocains. «Le Maroc regorge de talents. J’aime beaucoup ce que font Toto, Zouhair Bahaoui, Rym Fikri, Hatim Ammor… et d’autres encore», mentionne-t-il. Une génération montante qu’il suit de près et qu’il estime capable de porter haut les couleurs de la musique marocaine.
Quant aux nouveaux codes de diffusion, notamment TikTok, l’artiste adopte une posture équilibrée. «Je pense au succès numérique, oui, mais sans jamais sacrifier la qualité. Je veux construire une carrière, pas juste connaître un buzz éphémère», explique-t-il. Pour lui, le marketing doit servir la musique, non la réduire à un produit jetable.
Enfin, loin des projecteurs et des studios, Dystinct se dévoile sur un autre terrain inattendu: la cuisine. «Si je n’étais pas chanteur, je serais cuisinier», confie-t-il avec enthousiasme. Une passion sincère, presque quotidienne. «J’adore cuisiner. Si j’en avais le temps, je le ferais tous les jours», enchaine-t-il. Et lorsqu’il rentre au Maroc, il a ses rituels bien à lui. «Je fonce sur les plats traditionnels. Mes préférés? La tanjia, le tajine de viande aux pruneaux et le poulet rôti. Je pourrais les manger même au petit déjeuner», plaisante-t-il pour finir.