Ukraine: l'AIEA en route vers la centrale nucléaire de Zaporijjia, où elle veut une présence permanente

Un soldat russe patrouille sur le territoire de la centrale nucléaire de Zaporijjia, à Energodar, le 1er mai 2022. Cette centrale nucléaire, dans le sud-est de l'Ukraine, est la plus grande centrale nucléaire d'Europe et l'une des 10 plus grandes au monde.

Un soldat russe patrouille sur le territoire de la centrale nucléaire de Zaporijjia, à Energodar, le 1er mai 2022. Cette centrale nucléaire, dans le sud-est de l'Ukraine, est la plus grande centrale nucléaire d'Europe et l'une des 10 plus grandes au monde. . Andrey BORODULIN / AFP

Une mission de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) doit se rendre ce jeudi à la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud-est de l'Ukraine, où elle souhaite une présence «permanente» pour éviter une éventuelle catastrophe.

Le 01/09/2022 à 06h35

Cette équipe de 14 personnes est arrivée mercredi dans la ville du même nom, à environ 50 kilomètres à vol d'oiseau de ce complexe occupé depuis début mars par les Russes et objet de vives inquiétudes de la communauté internationale.

«Nous allons essayer d'établir une présence permanente de l’agence», a annoncé de Zaporijjia le directeur général de l'AIEA, Rafaelo Grossi -un scénario non évoqué jusque-là.

«C'est une mission qui cherche à éviter un accident nucléaire», a-t-il souligné, précisant que les experts allaient passer «quelques jours» sur place et qu'ils avaient reçu des garanties de sécurité de la part des autorités russes et ukrainiennes.

«Ces opérations sont très complexes : nous allons dans une zone de guerre, nous allons dans un territoire occupé», a souligné M. Grossi.

Nouvelles accusationsL'Ukraine a dans le même temps appelé les forces russes à arrêter de tirer sur la route menant à la centrale.

Les Russes ont effectué des frappes sur la cité d'Energodar, proche de ces installations, pour donner l'impression aux experts internationaux que c'était les soldats de Kiev qui bombardaient leurs environs, a affirmé Ievguen Ievtouchenko, le chef de l'administration ukrainienne de Nikopol, une ville située de l'autre côté du Dniepr.

A Moscou, le ministère russe de la Défense a symétriquement accusé les militaires ukrainiens de «provocations» visant à «perturber le travail de la mission de l’AIEA», affirmant que l'artillerie ukrainienne avait «frappé» la veille «un bâtiment de retraitement de déchets radioactifs» du complexe de Zaporijjia.

Les deux belligérants s'accusent depuis des semaines de mettre en danger la sécurité de cette centrale nucléaire, la plus grande d'Europe.

«Combats acharnés»Sur le terrain, «des combats se déroulent actuellement pratiquement sur toute la ligne de front : dans le sud, dans la région de Kharkiv (nord-est) et dans le Donbass (est)», avait indiqué mardi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le lendemain, les autorités ukrainiennes ont fait état de quatre morts dans la région de Donetsk (est), l'une des deux provinces du bassin du Donbass, en partie contrôlé par des forces prorusses depuis 2014 et dont la conquête totale est la priorité stratégique de la Russie.

Dans cette région, «des combats acharnés se poursuivent en direction de Bakhmout et d’Avdiïvka», où «les Russes ont tenté sans succès d’avancer», mais ont dû «se replier», ont-elles ajouté.

Elles ont également fait état d'au moins un mort à Mykolaïv, dans le sud où l'armée ukrainienne poursuit sa contre-offensive, en particulier autour de Kherson, l'une des rares grandes villes ukrainiennes conquises par la Russie.

L'armée russe a de son côté assuré mercredi avoir repoussé ces deux derniers jours les offensives ukrainiennes, infligeant de lourdes pertes à l'ennemi avec notamment «huit hélicoptères» et «63 chars» détruits, ainsi que «1.700 hommes» tués.

Ces informations étaient invérifiables de sources indépendantes.

Quant aux Etats-Unis, ils vont annoncer «dans les prochains jours» de nouvelles aides militaires à destination de l'Ukraine, a fait savoir la Maison Blanche.

Visas de court séjourDans une autre guerre livrée en parallèle, celle du gaz, le géant russe Gazprom a déclaré mercredi avoir «entièrement» suspendu son approvisionnement de l'Europe via le gazoduc Nord Stream en raison de travaux de maintenance devant durer trois jours.

Au moment où les autres pays européens, notamment l'Allemagne et la France, travaillent à réduire leur dépendance au gaz russe, la Hongrie a annoncé mercredi un accord avec Gazprom pour recevoir des livraisons supplémentaires.

Sur le terrain diplomatique, les ministres des Affaires étrangères des Etats de l'UE se sont entendus mercredi pour suspendre un accord de 2007 avec la Russie facilitant de manière réciproque la délivrance des visas de court séjour.

«La question de la limitation des visas européens pour les citoyens russes doit enfin être réglée. Je pense que c'est humiliant pour l'Europe de n'être simplement considérée que comme une grande boutique ou un grand restaurant. L'Europe est un territoire de valeurs avant tout, pas de consommation primitive», a commenté dans son message quotidien du soir le président Zelensky.

Le 01/09/2022 à 06h35