«Nous sommes enfin en train de bouger après plusieurs mois (...) d'efforts. L'AIEA se rend à l'intérieur de la centrale nucléaire de Zaporijjia», a déclaré le directeur de l'agence onusienne, Rafael Grossi, à des journalistes à Kiev, juste avant de partir.
La centrale, la plus grande d'Europe, est occupée par l'armée russe depuis début mars, après l'invasion de l'Ukraine lancée le 24 février. Kiev a accusé Moscou d'y avoir déployé des centaines de soldats et d'y stocker des munitions.
«J'ai pleinement conscience de l'importance de ce moment mais nous sommes prêts. L'AIEA est prête. Nous ferons un compte-rendu après notre mission. Nous allons passer quelques jours là-bas», a ajouté Rafael Grossi qui conduit une équipe de 13 personnes.
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait reçu mardi les experts de l'AIEA, arrivés lundi à Kiev, disant à cette occasion que la communauté internationale devait obtenir de la Russie «une démilitarisation immédiate» de la centrale.
Cela, avait-il ajouté, implique «le départ de tous les militaires russes avec tous leurs explosifs, toutes leurs armes» de ce site du sud de l'Ukraine et sur lequel Kiev et Moscou s'accusent mutuellement d'avoir effectué des frappes.
«Malheureusement la Russie n’arrête pas ses provocations, justement dans les directions par lesquelles la mission doit arriver à la centrale», a déploré Volodymyr Zelensky, ajoutant que la situation était «extrêmement menaçante».
«Le risque d'une catastrophe nucléaire due aux actions de la Russie ne diminue pas, même pour une heure», a-t-il affirmé.
Oleksandre Staroukh, le gouverneur régional, avait à cet égard parlé quelques heures plus tôt de tirs de missiles sur la ville de Zaporijjia.
La centrale de Zaporijjia, une des quatre centrales nucléaires fonctionnant en Ukraine, compte ses six réacteurs d'une capacité de 1.000 mégawatts chacun.
La semaine dernière, elle avait été brièvement débranchée du réseau électrique pour la première fois de son histoire, après l'endommagement de lignes électriques.
«Contre-offensive» ukrainienneDe son côté, l'armée ukrainienne poursuit sa contre-offensive dans le sud, où d'intenses combats ont été signalés.
«Des combats se déroulent actuellement pratiquement sur toute la ligne de front : dans le sud, dans la région de Kharkiv (nord-est) et dans le Donbass (est)», a déclaré mardi soir le président Zelensky.
A Bereznehuvate, une localité à 70 km au nord de Kherson, ville du sud prise par les Russes dès le début de la guerre, l'AFP a assisté à un passage constant de blindés ukrainiens, tandis que nombreux tirs d'artillerie résonnaient dans les environs.
Certains militaires étaient en route vers le front, comme ce petit groupe attendant que son char T74, dont le moteur était en surchauffe, soit réparé.
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«On les a bien enfoncés», se vantait Victor, un soldat d'infanterie d'une soixantaine d'années sans vouloir en dire plus.
La présidence ukrainienne a fait état mardi de «puissantes explosions» dans la région de Kherson ainsi que de la destruction d’«un certain nombre de dépôts de munitions» russes et de «tous les grands ponts» qui permettent aux véhicules de traverser le Dniepr, le fleuve arrosant cette partie de l'Ukraine.
Et ce afin de couper le ravitaillement en provenance de la Crimée.
La Russie a pour sa part assuré dès lundi avoir repoussé des «tentatives d’offensive» ukrainiennes dans la région de Kherson ainsi que dans celle de Mykolaïv, plus à l'ouest.
«En raison de l'échec de l'offensive ukrainienne (...), l'ennemi a subi de lourdes pertes», soit 1.200 hommes «en un jour», ainsi que des dizaines de véhicules militaires, a proclamé mardi le ministère russe de la Défense.
Ces informations étaient invérifiables de sources indépendantes.
Les bombardements russes n'ont par ailleurs pas cessé sur la ligne de front qui s'étend du nord au sud.
Dans le centre de Kharkiv (nord-est), la deuxième ville d'Ukraine, au moins cinq personnes ont péri dans des frappes russes, ont déploré mardi les autorités locales. Et d'autres ont fait deux morts et 24 blessés à Mykolaïv.
Dans ce contexte, les ministres de la Défense des Etats membres de l'Union européenne ont convenu mardi, pendant une réunion informelle à Prague, d'entamer les travaux préparatoires en vue d'un plan de formation des soldats ukrainiens par l'UE.
Dans une autre guerre livrée en parallèle, celle du gaz, un pas de plus a été fait hier, mardi, vers le tarissement des flux de la Russie vers la France avec l'annonce par Gazprom de la suspension totale dès jeudi de ses livraisons au groupe Engie, officiellement pour un impayé.