Lors de son premier discours à la nation, donné le jeudi 30 janvier, Ahmad al-Charaa, nommé la veille président intérimaire, a promis l’organisation d’une «conférence de dialogue national» et a assuré de sa volonté d’instaurer «la paix civile». Quelques heures auparavant, il avait accueilli l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, premier chef d’Etat à visiter la Syrie depuis la chute du régime de Bachar al-Assad.
«Nous annoncerons dans les prochains jours un comité chargé de préparer la conférence de dialogue national, pour écouter les différents points de vue sur notre programme politique à venir», a dit Ahmad al-Charaa dans une brève allocution diffusée sur plusieurs télévisions.
Il a assuré que ses priorités étaient de maintenir «la paix civile» et l’unité territoriale sous «une seule autorité». Il a aussi promis de «poursuivre les criminels ayant versé le sang syrien et commis massacres et crimes», s’engageant à établir une «véritable justice transitionnelle».
«Déclaration constitutionnelle»
À la suite de sa nomination, Ahmad al-Charaa va former un «conseil législatif intérimaire» après la dissolution du Parlement et le gel de la Constitution. Le nouveau pouvoir a aussi annoncé la dissolution de l’armée du régime de Bachar al-Assad et de son parti Baas, ainsi que celle de toutes les factions armées, dont celle dirigée par M. Charaa, Hayat Tahrir al-Sham (HTS).
Un autre comité doit être mis en place pour former «un conseil législatif restreint», remplaçant le Parlement dissous. Après ces étapes, une «déclaration constitutionnelle» servira de «référence légale» pendant la «période de transition».
Les nouvelles autorités s’efforcent de rassurer sur leur capacité à pacifier et réunifier le pays. Le nord-est du pays, région riche en pétrole, est sous le contrôle des forces kurdes syriennes. Des soldats de la coalition internationale antijihadistes menée par Washington y sont également stationnés.
Soutien à la reconstruction
Lors de son entretien avec le président syrien, l’émir du Qatar a appelé à la formation d’un gouvernement «représentant toutes les composantes» de la société syrienne afin de «consolider la stabilité et avancer dans les projets de reconstruction et de développement». Les autorités syriennes comptent sur les riches pays du Golfe pour financer la reconstruction et aider au redressement de l’économie, asphyxiée par les sanctions internationales.
«Nous avons discuté d’un cadre global pour l’engagement bilatéral en matière de reconstruction», a indiqué le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, lors d’un point presse avec le ministre d’État qatari, Mohammed Al-Khulaifi. Ce dernier a assuré que son pays «continuerait à fournir le soutien nécessaire à tous les niveaux» à la Syrie, dont «les infrastructures et l’électricité».
Le Qatar a été le deuxième pays, après la Turquie, à rouvrir son ambassade à Damas, au lendemain de la fuite de Bachar al-Assad à Moscou, et a plaidé pour une levée des sanctions internationales imposées à la Syrie.