L’Arabie saoudite accueille les pourparlers sur l’avenir de la Syrie

(De gauche à droite), Anne Grillo, directrice du département Moyen-Orient et Afrique du Nord au ministère français des Affaires étrangères, Gunter Sautter, directeur politique allemand du ministère des Affaires étrangères, le secrétaire d'État américain Antony Blinken, le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Kaja Kallas posent avant une réunion à la Villa Madama à Rome le 9 janvier 2025. AFP or licensors

L’Arabie saoudite accueille dimanche des chefs de la diplomatie européens et du Moyen-Orient pour discuter de la Syrie, où les capitales étrangères espèrent le retour à la stabilité après la chute de Bachar al-Assad.

Le 12/01/2025 à 06h26

Il y aura «deux réunions. La première entre États arabes. La seconde entre États arabes et d’autres pays», dont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, la Turquie et l’Espagne, ainsi que les Nations unies, a déclaré samedi à l’AFP un responsable saoudien ayant requis l’anonymat.

Cette réunion se tient au moment où les autorités de transition conduites par le nouveau dirigeant du pays, Ahmad al-Chareh, réclament une levée des sanctions internationales frappant la Syrie.

Les puissances occidentales, notamment les États-Unis et l’Union européenne, avaient imposé des sanctions au gouvernement de Bachar al-Assad en raison de la répression des manifestations populaires de 2011, qui a déclenché la guerre civile.

Après 13 ans d’une guerre qui a fait plus d’un demi-million de morts, ravagé l’économie et forcé des millions de personnes à fuir, y compris vers l’Europe, des rebelles emmenés par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, ont chassé du pouvoir Bachar al-Assad le 8 décembre.

Le gouvernement de transition qui s’est installé dans la foulée fait depuis pression pour la levée des sanctions internationales, mais de nombreuses capitales, dont Washington, ont déclaré attendre de voir comment les nouvelles autorités exerceraient leur pouvoir avant de se prononcer.

La question des sanctions

La cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, a déclaré vendredi que les 27 pourraient «progressivement» assouplir leurs sanctions «à condition que des progrès tangibles soient réalisés», notamment sur la protection des minorités.

Les discussions de dimanche porteront notamment sur le niveau de soutien à apporter à la nouvelle administration et sur une éventuelle levée des sanctions, a confirmé le responsable saoudien.

L’Arabie saoudite avait rompu ses liens avec le gouvernement d’Assad en 2012 et soutenu alors les groupes rebelles qui tentaient de le chasser du pouvoir.

Mais en 2023, Ryad a rétabli ses relations avec la Syrie et œuvré pour le retour de Damas au sein de la Ligue arabe, mettant fin à son isolement diplomatique.

Le riche royaume du Golfe a envoyé ce mois-ci de la nourriture, des abris et de l’aide médicale en Syrie.

Au-delà de cette aide, Ryad étudie à présent les moyens de soutenir la transition.

«Ce sommet envoie le message que l’Arabie saoudite veut s’imposer à la tête des efforts régionaux visant à soutenir la reconstruction de la Syrie», souligne la chercheuse Anna Jacobs, du Arab Gulf States Institute de Washington.

«Mais la grande question est de savoir combien de temps et combien de ressources l’Arabie saoudite consacrera à ces efforts, et ce qui est possible tant que de nombreuses sanctions resteront en place», a-t-elle ajouté.

«Influence» saoudienne

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, et son homologue turc, Hakan Fidan, ont confirmé leur participation à la réunion de Ryad, qui s’inscrit dans le prolongement de précédentes discussions tenues en décembre en Jordanie, selon le responsable saoudien.

Le sous-secrétaire d’État américain sortant, John Bass, y participera également.

Bass arrivera de Turquie, où il a souligné «l’importance de la stabilité régionale, d’empêcher la Syrie d’être utilisée comme une base pour le terrorisme et d’assurer la défaite durable» du groupe jihadiste État islamique, selon le département d’État.

L’Arabie saoudite observe une position plus prudente vis-à-vis des nouvelles autorités syriennes que d’autres pays comme la Turquie et le Qatar, qui ont été les premiers à rouvrir leurs ambassades à Damas, souligne Umer Karim, chercheur sur la Syrie à l’université de Birmingham.

Néanmoins, Ryad «observe de manière positive» les nouveaux dirigeants syriens et cherche à savoir s’ils peuvent apporter de la stabilité et «contrôler les éléments les plus extrêmes dans leurs rangs», a-t-il ajouté.

Pour Anna Jacobs, la réunion de dimanche «donne à Ryad l’occasion d’accroître son influence auprès du nouveau gouvernement syrien et de cultiver une plus grande influence dans un pays où la Turquie et le Qatar ont désormais plus d’influence».

Par Le360 (avec AFP)
Le 12/01/2025 à 06h26