Ce projet devra être «parachevé d'ici 2030», a déclaré le président français Emmanuel Macron à l'issue d'une réunion avec les chefs de gouvernement espagnol et portugais, Pedro Sánchez et Antonio Costa, à Alicante, dans le sud-est de l'Espagne.
Son coût devrait «avoisiner les 2,5 milliards d'euros», a indiqué, pour sa part, Sánchez, qui a précisé que ce tuyau transporterait à l'horizon 2030 quelque deux millions de tonnes d'hydrogène par an, soit 10% de la consommation européenne prévue à cette date.
Ce pipeline sous-marin doit permettre d'acheminer de l'hydrogène dit «vert» -- car fabriqué à partir d'électricité renouvelable -- depuis la péninsule ibérique, qui ambitionne de devenir un champion de cette énergie du futur, vers le nord de l'UE via la France. Côté français, on n'a toutefois pas exclu qu'il transporte aussi de l'hydrogène produit à partir du nucléaire.
Appelé «H2Med» ou «BarMar» (contraction de Barcelone et Marseille, les deux villes reliées par ce tuyau), ce projet remplace le «MidCat», lancé en 2003 pour relier les réseaux gaziers français et espagnol via les Pyrénées, mais finalement abandonné en raison de son manque d'intérêt économique, de l'opposition des écologistes et de celle de Paris.
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Il sera soumis dans les prochains jours à la Commission européenne afin de pouvoir bénéficier du statut de «projet d'intérêt commun» et donc être financé en partie par des fonds européens, a ajouté Macron.
«Dans la bonne direction»Présente lors de la réunion entre les trois dirigeants, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a «salué chaleureusement» le lancement de ce projet, qui «va dans la bonne direction», car il va aider l'UE à «bâtir une vraie dorsale européenne de l'hydrogène».
«La péninsule ibérique est en passe de devenir un des hubs majeurs de l'énergie en Europe. Et l'Union européenne participera à cette "success story"», a-t-elle ajouté.
Pensé au départ pour transporter temporairement du gaz de la péninsule ibérique vers le reste de l'UE afin de réduire la dépendance au gaz russe, le H2Med ne servira finalement qu'à acheminer de l'hydrogène, a précisé Antonio Costa.
Ce choix de ne pas transporter d'énergie fossile était nécessaire afin de s'assurer que Bruxelles puisse le déclarer «projet d'intérêt commun».
Paris, Madrid et Lisbonne espèrent une réponse de la Commission début 2023.
S'il est approuvé par Bruxelles, les financements européens pourraient atteindre environ la moitié du coût, soit 1,2 milliard d'euros, a-t-on précisé de source française, le reste étant essentiellement à la charge, selon des proportions et des mécanismes à définir, des futurs consommateurs de l'hydrogène transporté.
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Le dirigeant croate applaudiA ce stade, trois tracés sont encore sur la table, dont celui qui semble tenir la corde sur une longueur de 455 km et une profondeur sous-marine maximale de 2.557 mètres. Des études techniques, environnementales et financières devront permettre de valider ce choix ou de se replier sur un des deux autres tracés.
Cette réunion sur le H2Med s'est tenue avant un sommet de l'EU Med qui a été notamment consacré aux questions de souveraineté économique, en particulier en matière d'énergie.
La Croatie, Chypre, la Grèce, l'Italie, Malte et la Slovénie sont membres de ce forum des pays du Sud de l'UE aux côtés de la France, de l'Espagne et du Portugal.
Lors des déclarations finales des dirigeants, le Premier ministre croate Andrej Plenkovic a été applaudi par ses homologues juste après la victoire de son pays face au Brésil en quarts de finale du Mondial de football au Qatar.
«Alicante restera à jamais dans mon cœur», a-t-il lancé, saluant sa «réunion la plus enthousiasmante en Europe». Il a ensuite raconté que tous les autres dirigeants l'avaient «rejoint pour regarder les tirs aux but» sur son téléphone portable. «C'était très sympa», a-t-il dit.
A l'issue de ce sommet, Emmanuel Macron et Pedro Sanchez ont annoncé sur leurs comptes Twitter respectifs que le prochain sommet bilatéral entre leurs deux pays aurait lieu le 19 janvier en Espagne.