Selon les premiers chiffres du dépouillement des bulletins de vote, Narendra Modi est en passe de remporter une nouvelle majorité parlementaire à l’issue d’un scrutin qui a duré six semaines et au cours duquel 642 millions de personnes ont voté en sept étapes dans le pays le plus peuplé du monde.
Son parti, le Bharatiya Janata Party (BJP), est en tête avec 39,3% des voix après le dépouillement d’un quart des bulletins, a annoncé la commission électorale. Le dépouillement électronique a débuté ce mardi à 08H00 (02H30 GMT) dans les centres électoraux de chaque État et les résultats sont attendus dans les prochaines heures.
Selon les résultats partiels de la commission, le BJP et les membres de sa coalition obtiendraient au moins 281 sièges, soit plus que les 272 nécessaires à l’obtention d’une majorité parlementaire à la chambre basse du Parlement.
Les principales chaînes de télévision indiennes, avec des journalistes dépêchés devant chaque centre de dépouillement, rivalisent pour obtenir les résultats de chacun des 543 sièges élus. Selon les précédentes élections générales, les principales tendances sont généralement claires en milieu d’après-midi, les perdants concédant leur défaite, même si les résultats complets et définitifs pourraient n’arriver que tard dans la nuit de mardi.
Un meilleur score que celui de 2019
Les chiffres provisoires montrent que le BJP obtient une participation de deux points de pourcentage supérieurs par rapport à 2019, mais le parti devrait remporter moins de sièges. Narendra Modi, 73 ans, qui reste très populaire après deux mandats, s’est déclaré ce week-end certain que «le peuple indien a voté en nombre record» pour le réélire, après une décennie passée à la tête du pays.
Les opposants au Premier ministre, parfois paralysés par des luttes intestines, ont peiné face à la puissance de son parti et accusé le gouvernement d’instrumentaliser la justice à des fins politiques en multipliant les poursuites à leur encontre. La fondation américaine Freedom House a, elle aussi, estimé que le BJP avait «de plus en plus recours aux institutions gouvernementales pour cibler les opposants politiques».
Dimanche, une des plus éminentes figues de l’opposition, Arvind Kejriwal, ministre en chef de Delhi qui avait appelé à «voter contre la dictature», est retourné en prison. Accusé d’avoir reçu des pots-de-vin pour accorder des licences d’alcool à des entreprises privées, il avait été libéré sous caution le mois dernier, le temps de faire campagne.
«Record mondial»
L’opposition et les défenseurs des droits humains dénoncent un recul démocratique et accusent le Premier ministre actuel de favoriser les hindous, majoritaires dans le pays, au détriment d’importantes minorités, dont 210 millions d’Indiens musulmans, inquiètes pour leur avenir.
À l’inverse, Narendra Modi a accusé le Congrès, principal parti d’opposition, de vouloir distribuer la «richesse nationale» aux «infiltrés», «à ceux qui ont le plus d’enfants», désignant ainsi la communauté musulmane. Indignée, l’opposition a saisi les autorités électorales qui n’ont pas sanctionné le Premier ministre. Pourtant, l’Inde est constitutionnellement laïque et son code électoral interdit toute campagne fondée sur des «sentiments communautaires».
Le scrutin a été d’une immense complexité logistique, les électeurs votant dans des mégapoles comme New Delhi et Bombay mais aussi dans des régions reculées et peu peuplées. Le commissaire électoral en chef, Rajiv Kumar, a vanté lundi «l’incroyable puissance de la démocratie indienne» et assuré qu’un «processus de dépouillement solide était en place».
«Nous avons battu un record mondial avec 642 millions d’électeurs indiens, c’est un moment historique pour nous tous», a-t-il déclaré, précisant que 312 millions étaient des électrices, soit près de la moitié.