Gaïd Salah emboîte le pas à Bouteflika et place son fils au centre du pouvoir de décision

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Le tout nouvel homme fort de l’Algérie, le Général Ahmed Gaïd Salah, a pris l’exemple sur Abdelaziz Bouteflika et a propulsé au centre du pouvoir son fils Mourad, tout comme l’avait fait le président déchu avec son frère cadet, Saïd. Décryptage.

Le 02/09/2019 à 11h59

Ahmed Gaïd Salah, on le savait, avait transformé l’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) en «chasse gardée au profit des copains et des coquins». Maintenant, il veut placer une OPA de son cru sur les leviers de commande du pouvoir en Algérie au service exclusif de sa progéniture: son fils, Mourad Gaïd.

C’est ce que laissent en tout cas entrevoir les interférences du fils de ce Général 4 Étoiles dans le jeu des chaises musicales auquel ce dernier se livre actuellement, pour renforcer sa poigne autour des leviers de commande. Un scénario qui a toutefois un arrière-goût de déjà-vu, car tout semble indiquer que le nouvel homme fort d'Alger s’est lancé sur les traces de son prédécesseur, soit le providentiel Abdelaziz Bouteflika, auquel le Général doit par ailleurs une fière chandelle, pour l’avoir sauvé de sa longue traversée du désert et de sa mise à la retraite en le nommant, en 2004, chef d’état-major de l’ANP, et en 2013, vice-ministre de la Défense.

Abrégeons: le Général Gaïd Salah vient de prendre l’exemple de Abdelaziz Bouteflika et entend propulser son fils Mourad au centre du pouvoir, tout comme l’avait fait son ex-mentor pour son frère cadet, Saïd, resté le réel détenteur des clefs du palais Mouradia jusqu’à son incarcération, début mai dernier, un mois après le débarquement de son frère aîné.

Mourad Gaïd sur les traces de Saïd Bouteflika... 

Tout comme Saïd Bouteflika, de la même façon, Mourad Gaïd se permet de prendre des décisions relevant normalement des attributions de pouvoirs publics légalement habilités. Ainsi, «dans le sillage d’un mouvement devant être imminent opéré parmi les corps des Douanes algériennes, Mourad Gaïd a proposé l’un de ses affidés, en l’occurence Fares Bouchama, contrôleur des Douanes à Skikda, pour occuper le poste de Directeur régional de ce corps à Constantine en remplacement du nommé Abdennour Hdadou ou, à défaut, l’élever au rang de Directeur à Skikda», dévoilent des sources concordantes.

«Après avoir tenté de faire cautionner cette proposition auprès du Colonel Smaïl Sehroud, Commandant du Groupement régional de la Gendarmerie nationale de Constantine, Mourad Gaïd Salah s’est rabattu sur l’adjudant Abdennour Bounouira, Secrétaire particulier du Général Ahmed Gaïd Salah, qui s’est engagé à tout mettre en oeuvre pour que cette candidature soit validée», révèlent encore nos sources.

En guise de reconnaissance, «Mourad Gaïd Salah est allé jusqu’à considérer, dans une démarche opportuniste, que le Secrétaire particulier de son père mériterait un grade plus valorisant», poussant encore l’outrecuidance jusqu’à estimer que ce simple adjudant, préposé au service de son père, serait même «plus efficace» que son géniteur!

En revanche, le fils du Général ne s’est pas empêché de critiquer l’attitude du Colonel Smaïl Sehroud, en le taxant de «laxisme», et en lui reprochant, notamment, de ne pas répondre à ses appels au sujet de la candidature en question.

Et ce n’est pas tout!

Le fils du Général s’évertue à s’immiscer dans la gestion des affaires publiques, allant jusqu’à dicter des consignes à de hauts responsables sécuritaires du pays, comme ce fut le cas lorsqu’il a fait part au chef de la Sûreté de la Wilaya de Annaba (en l’occurrence Kamar Zamane Boubir, fraîchement investi de cette mission) de certaines «recommandations» pour optimiser la sécurité au niveau de sa région, notamment en opérant des changements structurels, au niveau du corps de la police de Annaba. 

En somme, le Général est en train de tisser sa toile autour du pouvoir en se débarrassant des rivaux, militaires ou civils, et en y plaçant ses enfants qui, après les affaires juteuses accumulées à l'ombre du père, sont en train d'investir les rouages du pouvoir. 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 02/09/2019 à 11h59