«Personne n’est tiré d’affaire (...), surtout pas la Chine qui, de loin, nous traite le plus mal», a tonné dimanche le président américain Donald Trump dans une publication sur son réseau social Truth Social. Cette mise en garde intervient au lendemain d’une exemption de surtaxes -jusqu’à 145% pour la Chine- accordée par les autorités américaines sur les produits high-tech, smartphones et ordinateurs en tête, ainsi que sur les semi-conducteurs.
Le président américain a toutefois déclaré qu’il annoncerait «dans la semaine» de nouvelles surtaxes sur les semi-conducteurs entrant aux États-Unis. Quid des smartphones et autres appareils électroniques? «Ce sera annoncé très bientôt, nous allons en discuter, mais nous allons aussi parler aux entreprises. Vous savez, il faut montrer une certaine flexibilité» pour «certains produits», a ajouté le dirigeant face à des journalistes à bord de l’avion présidentiel Air Force One.
Plus tôt dans la journée, son secrétaire d’État du Commerce Howard Lutnick avait évoqué des droits de douane sectoriels spécifiques à venir sur les semi-conducteurs, ainsi que sur les produits pharmaceutiques. «Nous ne pouvons pas nous reposer sur la Chine pour des choses fondamentales dont on a besoin. Nos médicaments et nos semi-conducteurs doivent être produits en Amérique», a-t-il avancé lors d’un entretien avec la chaîne ABC.
«Corriger les erreurs»
Des annonces américaines à l’opposé de ce que réclame la Chine. Si le ministère du Commerce chinois a reconnu le «petit pas» fait par Washington avec sa position assouplie sur les produits high-tech, il a toutefois exhorté dans un communiqué «les États-Unis à (...) faire un grand pas pour corriger leurs erreurs, annuler complètement la mauvaise pratique des droits de douane réciproques».
Le protectionnisme «ne mène nulle part», a répété le président chinois Xi Jinping, dans des propos rapportés ce lundi par l’agence officielle Chine Nouvelle. «Nos deux pays doivent fermement préserver le système commercial multilatéral, la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales ainsi qu’un environnement international d’ouverture et de coopération», a-t-il souligné.
Aux 145% de surtaxes cumulées imposées par Donald Trump aux produits chinois depuis son retour à la Maison Blanche, hors dispenses, Pékin a riposté en faisant bondir ses droits de douane à 125% depuis samedi.
Tournée asiatique
Dans une première critique de l’offensive douanière de Donald Trump la veille, Pékin a rendu public un appel avec la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Ngozi Okonjo-Iweala, au cours duquel la Chine avait mis en garde contre «les graves préjudices» qu’allaient infliger ces surtaxes aux pays en développement, «en particulier aux moins développés d’entre eux».
Malgré ces très vives tensions commerciales entre les deux premières puissances économiques mondiales, Donald Trump se disait vendredi «optimiste» sur un accord commercial avec Pékin. Les États-Unis absorbent 16,4% du total des exportations chinoises, pour un total d’échanges de 500 milliards de dollars, selon les données de Pékin, largement déficitaires pour les États- Unis.
Les exportations chinoises vers l’ensemble du monde ont d’ailleurs bondi de plus de 12% en mars, selon des données officielles publiées lundi, traduisant une augmentation des expéditions peu avant l’entrée en vigueur des droits de douane astronomiques de Washington.
C’est dans ce contexte ultra-conflictuel que le président chinois Xi Jinping entame lundi une tournée en Asie du Sud-Est. Après le Vietnam, il se rendra en Malaisie et au Cambodge, pour renforcer les relations commerciales de son pays.