Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi les pays membres de l’UE ainsi que la Commission à «revoir» leur position au sujet du projet de taxes sur les véhicules électriques chinois. «Nous devons revoir, tous ensemble, non seulement les États membres mais aussi la Commission, notre décision», a-t-il déclaré à Shanghai lors d’une conférence de presse, en réponse à une question sur les inquiétudes de la filière porcine espagnole.
Pékin a en effet lancé en représailles une enquête anti-dumping sur les importations de produits à base de porc, dont l’Espagne est le plus grand exportateur européen vers la Chine, avec plus de 560.000 tonnes en 2023, pour une valeur de 1,2 milliard d’euros, selon l’organisation interprofessionnelle Interporc.
«Comme je l’ai dit auparavant, nous n’avons pas besoin d’une autre guerre, une guerre commerciale dans ce cas», a affirmé Pedro Sánchez, qui dit avoir exprimé sa «surprise» auprès du président chinois Xi Jinping sur le choix de la filière porcine comme réponse de Pékin.
La Commission a annoncé le 20 août sa décision de surtaxer pendant 5 ans les voitures électriques provenant de Chine, ajoutant aux 10% de taxe déjà en place des droits de douane allant jusqu’à 36%. Ces derniers s’appliqueront d’ici fin octobre -sous réserve de l’aval des 27, divisés sur le sujet- et remplaceront alors des taxes provisoires décidées début juillet, allant jusqu’à 38%.
«Trouver une solution»
L’industrie automobile européenne craint de voir ses usines disparaître si elle échoue à endiguer une déferlante chinoise de modèles électriques, domaine où Pékin a pris de l’avance en investissant de longue date dans les batteries.
Avec ces surtaxes, l’UE espère ainsi protéger une filière automobile qui emploie 14,6 millions de salariés dans l’UE, tout en évitant un conflit mortifère avec son deuxième partenaire économique derrière les États-Unis.
Cette passe d’armes s’inscrit dans le cadre des tensions commerciales grandissantes entre les Occidentaux et la Chine, également accusée de détruire la concurrence dans d’autres secteurs: éoliennes, panneaux solaires, batteries…
«Je pense que nous avons besoin de construire des ponts entre l’Union européenne et la Chine», a estimé Pedro Sánchez mercredi, «et depuis l’Espagne, ce que nous ferons c’est être constructifs et essayer de trouver une solution, un compromis entre la Chine et l’Union européenne». «Donc, si vous me demandez, je vais répondre que bien sûr nous sommes en train de revoir notre décision».
Produits laitiers
Mardi, le Premier ministre espagnol avait déjà prôné «une solution négociée (...) dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce» (OMC) pour résoudre les tensions commerciales entre Chine et Union européenne. La Chine a saisi en août l’OMC à propos des surtaxes annoncées sur les véhicules électriques chinois, estimant que la décision de Bruxelles ne repose sur «aucune base factuelle».
Lundi, en recevant Pedro Sánchez, le président Xi Jinping, a dit «espér(er) que l’Espagne continuera à fournir un environnement commercial juste, équitable, sûr et non discriminatoire aux entreprises chinoises qui investissent et opèrent en Espagne».
Au lendemain de l’annonce de probables surtaxes européennes sur les véhicules électriques chinois, Pékin avait aussi lancé une enquête sur des pratiques commerciales de l’UE concernant certains produits laitiers. L’UE a exporté l’an dernier pour 1,68 milliard d’euros de produits laitiers vers la Chine, selon des données d’Eurostat citées par la Commission.