Algérie: le régime instaure un climat de terreur en Kabylie

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le chef d'état-major de l'armée, Said Chengriha.

Plus le jour J du vote de la présidentielle anticipée du 27 septembre 2024 approche, plus le régime algérien perd ses nerfs. En cause, le rejet massif de cette parodie électorale que les Algériens considèrent comme une mascarade visant à leur imposer à nouveau un président illégitime. Des dizaines d’opposants politiques ont été arrêtés en Kabylie durant la seule journée de mardi dernier, alors que d’autres ont été strictement interdits de s’exprimer dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Le 22/08/2024 à 15h07

Mardi dernier, des dizaines d’opposants ont été arrêtés en Algérie au moment où ils s’apprêtaient à commémorer le 68ème anniversaire du Congrès de la Soummam, un événement historique tenu sous le sceau de la clandestinité dans la wilaya de Bejaia entre les 13 et 20 août 1956, marquant ainsi un tournant majeur dans la structuration et la création d’institutions qui vont servir à encadrer et organiser la résistance algérienne. Ces arrestations, intervenues suite à une rafle policière, ont concerné quasiment tous les hauts cadres du parti du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), dont le président du parti lui-même, Athmane Maazouz.

Le même jour, le RCD a publié un communiqué incendiaire dans lequel il affirme condamner ces arrestations «avec la plus grande fermeté», ajoutant qu’elles s’inscrivent dans les «tendances répressives du régime en place qui cherche à perpétuer la dictature et à faire taire toute voix libre qui refuse d’obéir à ses politiques injustes». Le pouvoir politico-militaire, auquel la légitimité aussi bien historique que démocratique a toujours fait défaut, ne rate aucune occasion pour confisquer aux populations le seul socle sur lequel est bâtie son entité qui n’a jamais existé en tant qu’État ou nation avant la colonisation.

C’est dans ce sens que le communiqué du RCD précise que «le 20 août fait partie de la mémoire du peuple algérien, un événement qui incarne les plus hautes significations de la lutte et de la résistance contre le colonialisme. Mais, au lieu de profiter de cet anniversaire pour unir les rangs et honorer les sacrifices des martyrs, le pouvoir a choisi d’en faire une nouvelle occasion pour réprimer tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui». Début juillet dernier le Conseil national du RCD a décidé un «boycott actif» de la présidentielle de septembre prochain, qualifiée au passage de «supercherie électorale qui ne suscite aucun intérêt chez l’écrasante majorité des Algériens». Il paye aujourd’hui le prix de ce positionnement politique, unanimement adopté en Kabylie.

Cette vague d’arrestations de mardi dernier a également touché de nombreux cadres et militants du Front des forces socialistes (FFS), un parti dont le premier secrétaire, Youcef Aouchiche, va pourtant servir de second lièvre à Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier a d’ailleurs pris tout le monde de vitesse en célébrant à sa façon, et un jour plus tôt, l’anniversaire de la Soummam.

Lors de son premier meeting électoral dimanche dernier à Constantine, il a rendu hommage à cet événement historique et à Houcine Aït Ahmed, fondateur du FFS, dont paradoxalement les images ont été interdites durant l’actuelle campagne électorale.

Le régime d’Alger a encouragé Youcef Aouchiche à se présenter aux pseudo-élections présidentielles à seule fin d’éviter le boycott du peuple kabyle et de comptabiliser une participation dépassant 10% en Kabylie. Mais, compte tenu de la répression aveugle qui n’a même pas épargné les militants du parti de Youcef Aouchiche, il est peu probable que le régime réussisse à faire bouger le peuple kabyle vers les bureaux de vote.

Il n’est pas superflu de rappeler ici que quasiment tous les cadors de la révolution algérienne qui ont participé au Congrès de la Soummam en 1956 ont été assassinés dans leur majorité sur ordre de Houari Boumediene (Abane Ramdane, Krim Belkacem…) ou livrés à l’armée coloniale (Youcef Zighoud, Larbi Ben M’Hidi…). Pour sa part, Karim Tabbou, un Kabyle et l’une des figures de proue du Hirak et de l’opposition au régime militaire algérien, a été arrêté le 19 août courant par les agents de la DGSI (renseignements intérieurs) de Dely Ibrahim chez lesquels il se rendait chaque semaine dans le cadre du contrôle judiciaire auquel il est soumis depuis mai 2023. Mais, cette fois-ci, au lieu de signer et repartir comme de routine, il a été arrêté et présenté au tribunal de Koléa (wilaya de Tipaza), où un juge d’instruction lui a ordonné de cesser de s’exprimer dans les médias et les réseaux sociaux, mais aussi de mettre en berne toutes ses activités politiques.

Même les candidats à la présidentielle n’ont pas été épargnés par la répression du régime. Ainsi, Saida Neghza, Belkacem Sahli et Abdelhakim Hammadi, ayant récemment vu leurs dossiers de candidature rejetés, n’ont pas été au bout de leurs peines. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire, après avoir été accusés, avec 68 autres complices (actuellement sous mandat de dépôt), d’achats de parrainages. Cela sans oublier que le tribunal de première instance d’Azazga (wilaya de Tizi-Ouzou) a condamné, le 18 août, le professeur de danse kabyle Omar Aït Yahia, à 18 mois de prison ferme, pour appartenance présumée au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK).

L’actuelle poussée de la répression visant les militants de tout bord et en particulier ceux affiliés ou sympathisants du RCD et au FFS a été vivement critiquée par Mohcine Belabbas, ancien président du RCD, qui a fustigé «un climat de terreur en période électorale. Pour ce signataire de la déclaration du 20 juillet dernier, avec 10 autres personnalités dénonçant la présidentielle et autres “miséreux et parodiques cycles électoraux tranchés au préalable”, jamais en Algérie «une campagne électorale présidentielle n’a été empreinte d’une répression aussi implacable ni marquée par un tel déferlement d’arrestations».

Par Mohammed Ould Boah
Le 22/08/2024 à 15h07

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L'Algérie a fait une erreur en adoptant l'idée anglo-saxonne d'autodétermination radicale, permettant aux grandes puissances de redessiner les frontières selon leurs intérêts, y compris celles de l'Algérie. Cette indépendance est devenue essentielle pour les États-Unis, cherchant à affaiblir l'influence de la France et à étendre leur propre hégémonie. Aujourd'hui, l'Algérie ne respecte même pas l'autodétermination de son propre peuple, comme en témoignent les élections truquées. Le changement de régime pourrait être justifié par ce principe, illustré par la victoire à 99 % de Bouteflika. La question kabyle reste également non résolue, un groupe ethnique négligé qui pourrait envisager de devenir un État indépendant.

Où sont les Organisations Internationales des Droits de l'Homme ?! Que fait L'ONU ?! ... Les Représentations Diplomatiques en Algérie sont témoins de cette Mascarade "électorale" ! Pourquoi ce Silence ?! Alors qu'on assiste à une Campagne (justifiée) contre les Talibans en Afghanistan ! ... Même les Médias Occidentaux ( à quelques exceptions près) restent silencieux sur ce qui se passe en Algérie !? ... Nous venons d'assister à une Première Mondiale où des Candidats à une élection Présidentielle font l'éloge du Président Sortant qui est lui aussi Candidat aux élections !? ... Quelle leçon de démocratie !!?? ... No Comment et Merci

En 2019 le taux de participation chez le vieux et grand peuple kabyle était 0% 😂. Ma question aux débiles oui ouistes, disons la majorité du pauvre peuple algérien? Les Kabyles ont-ils plus de jugeote ou la propagande démesurée de l'équipe du boal Jeangriha a détruit la matière grise du peuple algérien non kabyle. Tout le monde sait les rapaces et criminels caporaux wled frança vont reconduire sur le trône leur jeune président Einstein (kedboune 80 ans), donc tout ce schmilblick pour cette élection clownesque au pays des casquettes est de la foutaise. Le vieux et grand peuple kabyle doit mettre à exécution la DÉSOBÉISSANCE totale sur toute la Gd Kabylie afin d'avertir la communauté internationale, l'ONU, les ONG etc....de la grande répression que subit ce peuple de +12 millions de kabyles

La communauté internationale est complice par son silence, l'ONU n'a d'œil que pour les mercenaires terroristes de Polisario pendant que le peuple kabyle et algérien souffrent silence, où sont les ONG épris de justice et de liberté ?

Avant de se vanter d'aller libérer le peuple kabyle ou les faux sahraouis séquestrés à Tindouf, il faut que la junte belliqueuse machiavélique sanguinaire Ânegerienne libère d'abord le peuple algérien et le peuple kabyle

Pardon, il faut lire avant de se vanter d'aller libérer le peuple palestinien....

En fait les "dirigeants" algériens sont en plein désarroi ! La panique totale ! Ils sont en train de réaliser que le conflit du Sahara touche à sa fin, et qu'ils ont perdu la bataille - Une humiliation totale ! Ils réalisent aussi qu'ils vont se retrouver avec des mercenaires armés chez eux et ne savent pas quoi en faire ! Moi je trouve cela très passionnant, et je suis admiratif face à la politique étrangère de mon pays le Royaume du Maroc ! Un grand bravo !

Mais c’est quoi ce « pays » ????

Comment ne prêter aucune attention envers ce pays des voisins de l' Est qui veulent couper en deux la terre de nos ancêtres ?.. Simple interrogation légitime !

Ce n'est pas un." pays " c'est une grande caserne où tout les habitants veulent déserter.

Idriss ::::::! c'est un "pays" qui ne doit intéresser ni de près ni de loin les marocains. pour la haine que ressentent les algériens pour les marocains, et bien le Marocain en général ne doit prêter aucune attention a ce qui se passe dans ce "pays".

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