Comme chaque année, les polémiques se suivent et se ressemblent faisant feu de tout bois côté algérien avec comme toujours, sur le banc des accusés, le Maroc et les Marocains. Au centre de ces polémiques, il est souvent question de réappropriation culturelle. Ainsi donc, le couscous serait algérien, au même titre que le caftan, la tbourida, le thé à la menthe, etc. Et dans cette longue liste d’un patrimoine culturel qui aurait été pillé à l’Algérie, on retrouve aussi Tarik Ibn Ziyad, personnage principal d’une véritable guerre algéro-marocaine, bien moins glorieuse que celle qu’il mena en péninsule ibérique au VIIIe siècle.
Le mois de ramadan est ainsi donc marqué, non par des valeurs de paix, de fraternité et de bienveillance, mais par un lynchage en règle d’une production télévisée koweitienne, syrienne et libanaise, prenant la forme d’un feuilleton ayant pour héros Tarik Ibn Ziyad, intitulé Fath Al Andaluss (La Conquête d’Al Andalus) et diffusé pendant ce mois sacré sur les chaînes Koweit TV, MBC1 et Al Aoula.
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Encore une fois, ce sont les origines du célèbre personnage historique qui divisent la toile, partagée entre internautes algériens et marocains. Si les deux camps sont d’accord pour contester l’identité arabe que confère le feuilleton à Tarik Ibn Ziyad et déplorer ainsi que ses origines amazighes aient été occultées, l’entente entre les internautes des deux pays s’arrête là.
Car quand il s’agit de déterminer le pays d’origine de ce grand conquérant, les versions divergent et le héros se retrouve tantôt Marocain tantôt Algérien. Et autant dire que la version de l’histoire choisie par le feuilleton est loin de plaire aux Algériens. Et pour cause, on y explique d’emblée que les origines de Tarik Ibn Ziyad sont issues d’une contrée correspondant au Maroc actuel. Un scandale pour l’Algérie qui revendique sa paternité l’affiliant à la tribu berbère des Zenata, ou encore de la région des Aurès.
Ce à quoi l’on rétorque côté marocain, preuves historiques à l’appui, par une autre version de l’histoire, laquelle rattache Tarik Ibn Zyad à la tribu amazigh des Nefzawa, dans le Rif marocain.
Harangué par la toile, le réalisateur koweitien de la série télévisée, Mohamed Al Anzi, a tenté de mettre tout le monde d’accord en déclarant qu’«il est inutile de tenter de réduire des dirigeants musulmans de la trempe de Tariq Ibn Ziyad à des territoires tracés par les accords de Sykes-Picot. Tariq et les autres de nos dirigeants sont un héritage de la nation des 1,5 milliard de musulmans et non d’un Etat ou d’un territoire», faisant ainsi référence à ces accords, encore très contestés aujourd’hui, établis entre la France et la Grande-Bretagne en 1916, pour s’attribuer des territoires au sein des provinces orientales arabophones de l’Empire Ottoman.
Ce qu’omet toutefois de dire le réalisateur koweitien, c’est que le Maroc est le seul pays arabe qui n’a pas subi l’occupation ottomane. Et que le Royaume est une nation millénaire qui existait une dizaine de siècles avant les accords de Sykes-Picot. Un jour, il ne faudrait d’ailleurs pas s’étonner que nos voisins algériens réclament la paternité de cet héritage historique qui fait la Nation marocaine.