Au Maroc, il porte de nombreux noms. On l’appelle "Bilmawen", "Boujloud", "Boulabtayne", "Bouhidour", "Harma", "Bashikh" ou "Souna", "Baba Al Haj" ou "Bouâafif" … Un personnage étrange que Bilmawen, cet homme recouvert de peaux animales dont le personnage quasi mythologique fait l’objet de festivités dans certains villages du Maroc.
Célébrée pendant trois jours au lendemain de la fête de Aid El Kebir, ou Tafaska pour les Amazigh, cette tradition amazighe qui remonte à des temps anciens a connu de nombreuses inimitiés au Maroc en raison de ses similitudes avec des rituels païens.
Le corps recouvert de peaux de mouton ou de chèvre, le visage dissimulé derrière un masque ou une tête d’animal, la peau foncée au charbon de bois, le personnage de Bilmawen fascine toujours autant petits et grands, traversant les âges, envers et contre tous.
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A chaque région ses variantes. Ainsi, Bilmawen peut également porter des plumes d’oiseaux, se parer de colliers en coquilles d’escargots, orner sa tête d’un potiron hérissé d’épines de porc-épic et enfin, attacher à ses poignets des sabots de mouton ou de chèvre…
Autour de ce personnage aussi effrayant qu’étrange, la foule se presse, tantôt hilare, tantôt craintive. Flûtes, percussions, danses et chants accompagnent la procession de la créature à travers la ville. On jette des pierres sur Bilmawen qui répond à l’affront en plaisantant, en gratifiant la foule d’un chapelet d’injures ou en frappant de ses sabots.
Alors pour l’apaiser, attirer la chance, on lui donne de l’argent, on lui fait des dons et, le soir venu, on le retrouve à l’assayss, la place du village, pour festoyer avec lui.
Pour perpétuer cette mémoire ancestrale marocaine, quelques festivals, à l’instar de Bilmawen Bodmawen à Inezgane, invitent chaque année les Marocains de certaines régions du Maroc à participer plusieurs jours durant à ce carnaval. Des initiatives culturelles capitales qui ont toutefois du mal à survivre et à s’ancrer dans la régularité faute de soutien.