Coup dur pour le projet Xlinks. Le gouvernement britannique a décidé de ne pas accorder le soutien financier espéré (quelque 33 milliards de dollars) au mégaprojet énergétique reliant le Maroc au Royaume-Uni par un câble sous-marin de 4.000 kilomètres. Citant une source britannique proche du dossier, le quotidien L’Économiste explique dans son édition du jeudi 3 juillet que cette décision fait suite à une «évaluation approfondie» concluant à un «niveau élevé de risque inhérent» au projet.
Toujours selon L’Économiste, un porte-parole du Département britannique de la sécurité énergétique et de la neutralité carbone (DESNZ) a confirmé ce désengagement, tout en insistant sur la volonté de Londres de maintenir un partenariat étroit avec Rabat.
Du côté britannique, le projet est désormais perçu comme moins avantageux qu’un développement local des énergies renouvelables. «Des alternatives de production domestique peuvent générer davantage de bénéfices économiques, notamment en termes d’emplois, de chaîne d’approvisionnement et de sécurité énergétique», explique la même source au quotidien.
La rupture des négociations aurait été précipitée par un point de friction majeur: l’exigence d’un contrat d’achat à prix fixe sur une quantité déterminée d’électricité, indépendamment de sa consommation réelle. Cette condition s’est révélée problématique, tout comme l’instabilité politique britannique où quatre gouvernements se sont succédé en peu de temps, avec des visions contrastées. En 2023, un précédent exécutif avait pourtant classé le projet comme «d’importance nationale».
Les inquiétudes du gouvernement britannique portent également sur la sécurité et la faisabilité de l’infrastructure. La protection des câbles sous-marins représente un défi logistique et financier important, selon une source marocaine également citée par L’Économiste. À cela s’ajoutent des préoccupations géopolitiques croissantes. The Financial Times cite un responsable britannique évoquant les menaces d’ingérence étrangère sur les pipelines et câbles stratégiques.
Le gouvernement de Rishi Starmer semble désormais concentrer ses efforts sur des projets nationaux, alignés sur les objectifs de production d’énergie propre à l’horizon 2030, avec un «risque minimal pour les contribuables et les usagers».
Initié par la société Xlinks, le Morocco-UK Power Project visait à transporter 3,6 gigawatts d’électricité solaire et éolienne, soit l’équivalent de 8% des besoins britanniques actuels, depuis la région de Tan-Tan jusqu’à la Grande-Bretagne. Le site prévu, d’une surface de 1.500 miles carrés, bénéficierait de conditions climatiques nettement plus favorables que celles du Royaume-Uni.
Le projet reposait sur un mécanisme de «contrat pour différence», garantissant à Xlinks un tarif supérieur au prix moyen de l’électricité britannique. Une formule qui n’a pas convaincu Londres.
Dans un communiqué publié le 26 juin, le président de Xlinks, Sir David Lewis, s’est dit «extrêmement déçu et amèrement surpris» par la décision. «Nous n’avons d’autre choix que de l’accepter, mais nous travaillons à libérer autrement le potentiel du projet», a-t-il ajouté. À Rabat, les responsables restent optimistes. «Le projet ne tombe pas à l’eau», affirme une source autorisée à L’Économiste. De nouvelles pistes de financement seraient à l’étude, notamment via des opérateurs privés britanniques, affirme-t-il, sans aucune précision supplémentaire.