Tunnel Maroc-Espagne: le chantier relancé pour 2040

Abderrahim Et-Tahiry / Le360

Revue de presseLe projet de tunnel sous-marin entre le Maroc et l’Espagne est relancé, avec une mise en service envisagée à l’horizon 2040. Long de 60 km, dont 28 sous la mer, il vise à relier Tanger à Algésiras par voie ferroviaire. Estimé à 15 milliards d’euros, ce chantier stratégique est soutenu par les deux pays, et l’Union européenne. Cet article est une revue de presse tirée du magazine Challenge.

Le 20/04/2025 à 18h53

Le rêve d’un tunnel sous-marin reliant le Maroc à l’Espagne reprend forme, avec force, à un moment où le trafic maritime entre les deux rives du détroit de Gibraltar atteint des sommets historiques.

Alors que la technologie permet désormais de relever les défis colossaux du forage profond et de la sécurité sismique, ce projet pharaonique refait surface, avec un horizon de réalisation fixé à 2040, indique le magazine Challenge.

La coïncidence est frappante: en janvier et février 2025, plus de 731.000 passagers ont traversé le détroit de Gibraltar –un record salué par l’Autorité portuaire de Cadix, tout comme les volumes inédits de fret.

Cette dynamique relance le débat autour de ce corridor stratégique, véritable pont entre l’Afrique et l’Europe, écrit-on.

Dans ce contexte, la presse ibérique s’enflamme pour le projet, désormais chiffré à 15 milliards d’euros.

Pour la première fois, un cahier des charges concret est sur la table, avec une vision claire: un tunnel ferroviaire de 60 kilomètres, dont 28 km immergés sous la Méditerranée –soit près de 10 km de plus que l’Eurotunnel.

Ce lien inédit entre Tanger et Algésiras comprendrait trois galeries distinctes, soit une pour les passagers, une pour les marchandises et une ferroviaire, avec un premier tronçon bidirectionnel avant une extension à double sens.

Le projet, longtemps figé, sort enfin de l’ombre. L’entreprise publique espagnole Secegsa pilote deux études-clés, avec un rendu prévu en septembre 2025.

La première, confiée à Herrenknecht Ibérica, analyse les sols du seuil de Camarinal pour définir la méthode de forage.

La seconde, assurée par la Marine espagnole, évalue la sismicité de la zone à travers une campagne de surveillance de six mois.

Le financement, quant à lui, se structure avec 100.000 euros en 2022, 750.000 euros en 2023 et 2,7 millions d’euros en 2024, dont une large part issue des fonds européens.

Le projet serait co-financé par les deux royaumes, avec un soutien affirmé de l’Union européenne.

Selon le quotidien La Razón, ce chantier d’envergure constitue un tournant géostratégique majeur.

Il faciliterait les flux commerciaux, boosterait le tourisme, et accélérerait l’intégration ferroviaire entre les continents.

Dans la foulée, le port de Tanger Med –premier d’Afrique– annonce un plan d’extension de 650 millions d’euros, soutenu par la Banque mondiale et la SFI, pour moderniser ses installations et augmenter sa capacité d’accueil de passagers et de camions.

Ce tunnel, s’il est concrétisé, pourrait bien devenir l’un des projets d’infrastructure les plus ambitieux du XXIe siècle, en redessinant les relations entre le nord et le sud de la Méditerranée.

Par Walid Ayadi
Le 20/04/2025 à 18h53