Tribune. Quand le Maroc était plus riche que la Chine et la Corée du Sud

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A l’instar de tous les autres pays d’Afrique, le Maroc a du mal à suivre le rythme effréné de l’Asie. La solution, soutient Laurent Alexandre, business angel, passe par l’investissement cognitif, la recherche, l’innovation et l’intelligence artificielle.

Le 29/08/2018 à 14h10

Dans une tribune publiée dans le magazine français L’Express, Laurent Alexandre, chirurgien, énarque, entrepreneur et aujourd’hui business angel, s’interroge sur le différentiel de développement entre l’Afrique et l’Asie. En 1960, dit-il, la Corée du Sud avait la même richesse par habitant que les pays pauvres d’Afrique noire et elle n’a rattrapé le Maroc qu’en 1970. Aujourd’hui, la Corée du Sud est un géant technologique dans plusieurs domaines clefs comme les microprocesseurs, les écrans, les logiciels, les smartphones et le nucléaire.

Autre exemple illustrant le retard des pays d’Afrique, «en 1980, le Maroc était cinq fois plus riche que la Chine: 1075 dollars de revenu annuel par habitant, contre 195 pour la Chine! La Chine est devenue une grande puissance scientifique, tandis que le Maroc reste un pays pauvre qui connaît encore un taux d’analphabétisme de 40% chez les femmes», constate Laurent Alexandre pour qui l’origine du retard est à rechercher du côté des investissements mobilisés dans la recherche, l’innovation, l’éducation et l’intelligence artificielle».

Il n’y a toujours aucun centre de recherche digne de ce nom en Afrique du Nord», regrette le business angel. Même les pays dits développés n’arrivent pas à suivre le rythme des dragons asiatiques: «la France était trois fois plus riche que Singapour en 1970: le jour où les Français réaliseront que les habitants de Singapour ont désormais le double de leur niveau de vie, ils demanderont des comptes à la classe politique».

Aux yeux de Laurent Alexandre, ces bouleversements géopolitiques seraient «la conséquence des immenses investissements éducatifs, scientifiques, technologiques des pays d’Asie de l’Est: Singapour, Chine, Taïwan, Hong Kong et Corée du Sud. Chiffres à l’appui, la part de la Chine dans les dépenses mondiales de recherche a explosé, passant de 2% en 1995 à 23% aujourd’hui, c’est-à-dire plus que l’Europe tout entière, se rapprochant à grands pas des Etats-Unis.

La tribune de l’hebdomadaire français s’appuie également sur le classement Pisa, le programme international pour le suivi des acquis des élèves. En effet, en sciences, Singapour est numéro un mondial. Des millions d’ingénieurs et de chercheurs à très haut potentiel sont formés en Asie, qui devient le leader du capitalisme cognitif.

Par Ayoub Khattabi
Le 29/08/2018 à 14h10