Le ministère de l’Intérieur a présenté sa feuille de route pour le développement du transport urbain au Maroc, marquant ce qu’il décrit comme une «rupture totale avec les anciennes expériences». «Cette stratégie, couvrant la période 2025-2029, vise à améliorer la qualité des services, moderniser les infrastructures et renforcer la gouvernance du secteur, tout en garantissant les droits des travailleurs», indique le magazine Challenge.
La mobilité urbaine ne se limite pas à des considérations techniques. Elle constitue un facteur clé de cohésion sociale, permettant aux citoyens de se rendre au travail, à l’école, aux services de santé ou encore de maintenir leurs liens familiaux. C’est dans ce sens que le sujet occupe régulièrement les débats parlementaires. Cette fois, ce sont les conseillers de la seconde Chambre, affiliés à l’Union marocaine du travail (UMT), qui ont interpellé le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, sur les contours de ce nouveau modèle.
La stratégie 2025-2029 repose sur une enveloppe globale de plus de 11 milliards de dirhams. Elle couvre l’ensemble de la chaîne de gestion des transports: acquisition de près de 3.800 bus modernes, mise en place de systèmes d’exploitation et d’information en temps réel, déploiement de solutions de billetterie électronique et aménagement de dépôts, arrêts, bornes de signalisation et centres de maintenance.
Le financement sera réparti entre les régions (un tiers) et le Fonds d’accompagnement des réformes du transport urbain et interurbain (FRAT) (deux tiers).
Les grands projets structurants de mobilité (quatre lignes de tramway à Casablanca, deux lignes de bus à haut niveau de service (BHNS) dans la métropole, deux lignes de tramway à Rabat-Salé et une ligne de BHNS à Agadir) bénéficient d’un financement spécifique via le FRAT, en partenariat avec les collectivités territoriales.
De nouvelles études sont également en cours pour développer des réseaux de transport par voies réservées dans plusieurs villes: Rabat-Salé-Témara, Marrakech, Tanger et Fès.
Au-delà des infrastructures, la réforme se veut aussi institutionnelle. Le ministère mise sur la création et la consolidation d’établissements de coopération intercommunale et de groupements de collectivités territoriales. Actuellement, 14 établissements et 7 groupements sont déjà opérationnels, appuyés par 7 sociétés de développement local, présentées comme des outils modernes de gestion du service public.
Cette gouvernance renouvelée s’inscrit dans une approche intégrée, combinant infrastructures, systèmes numériques et encadrement social. Le plan stratégique met également l’accent sur la planification urbaine à long terme. Le ministère encourage les collectivités à élaborer des plans de mobilité urbaine durable (PMUD), instruments clés pour anticiper l’évolution des besoins en transport. L’État s’engage à les accompagner financièrement et techniquement dans cette démarche.
La stratégie inclut une dimension sociale forte. Les entreprises de transport devront désormais se conformer strictement au droit du travail, sous la supervision des inspections compétentes. L’objectif est de protéger les employés contre les abus et d’améliorer leurs conditions professionnelles, en cohérence avec le principe affiché de «garantie des droits des travailleurs».








