Secteur privé: ce qu’il reste à faire pour le Maroc

Un atelier de production de l'usine Airbus Atlantic Maroc Composite. (A. Et-Tahiry / Le360)

Revue de presseLes institutions internationales saluent, souvent, le comportement global de l’économie marocaine. Cependant, le secteur privé ne parvient pas à s’inscrire dans cette dynamique. Dans un récent rapport, la Banque mondiale apporte des pistes de réflexion. Une revue de presse de Challenge.

Le 03/09/2024 à 20h38

Comparativement à ses pairs régionaux de l’Afrique du Nord, le secteur privé national ne s’en sort pas trop mal, et affiche même des résultats plutôt satisfaisants. Cependant, ses performances en termes de productivité et de contribution à la croissance économique accusent un certain retard comparativement à l’Inde, à l’Indonésie et au Vietnam, également classés comme pays à revenu intermédiaire, indique la Banque mondiale dans son dernier rapport de suivi de la situation économique au Maroc.

«L’institution de Bretton Woods dégage trois principales causes à cette situation. Primo, les lacunes de l’environnement concurrentiel peuvent permettre aux entreprises en place de s’appuyer sur leur pouvoir de marché plutôt que sur les gains d’efficience pour survivre et se développer», écrit Challenge.

Le magazine précise qu’une «possibilité connexe est que l’existence de défaillances réglementaires puisse perturber les capacités et les incitations des entreprises, empêchant leur entrée sur les marchés et leur capacité à maintenir la croissance grâce à des investissements en efficience, et entravant le processus de ‘destruction créatrice’ qui se produit par le retrait en douceur des entreprises non viables».

Autre argument, selon Challenge: la concurrence informelle, et un accès inégal aux intrants clés tels que le financement, les services numériques ou les travailleurs qualifiés, qui peuvent affecter de manière disproportionnée les petites entreprises, limitant l’expansion des entreprises à forte croissance potentielle.

La Banque mondiale fait cependant observer que le Maroc commence à faire «des progrès substantiels» dans la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, comme le prouve une sanction prononcée en 2023 contre neuf distributeurs de carburants et leur association professionnelle.

De plus, la réforme des entreprises publiques en cours de mise en œuvre avec la création de l’Agence Nationale de Gestion Stratégique des Participations de l’État devrait renforcer la neutralité concurrentielle des entreprises publiques commerciales sur les marchés où elles opèrent, relaie le magazine.

Le secteur privé marocain voit dans la concurrence du secteur informel «une contrainte majeure pour ses activités», le manque d’accès à des ressources productives essentielles étant une autre contrainte susceptible de ralentir la croissance des entreprises du Royaume. L’accès au crédit est par ailleurs «asymétrique, avec plus de contraintes pour les petites et les jeunes entreprises», précise Challenge.

«Les données montrent également que les entreprises les plus productives ne sont pas plus susceptibles d’accéder au crédit que les entreprises moins productives, ce qui implique que l’intermédiation financière peut contribuer au problème d’allocation inefficiente», explique l’hebdomadaire. Résultat, les programmes pour soutenir les PME «peuvent nécessiter une évaluation et éventuellement un ajustement».

Enfin, le manque d’accès à des services numériques abordables pourrait constituer un autre obstacle, en particulier pour les petites entreprises.

Par Nabil Ouzzane
Le 03/09/2024 à 20h38