Deux événements récents dans le secteur textile marocain, le Salon Morocco Fashionstyle et la 10ᵉédition du Salon international du textile, ont ravivé des tensions entre les acteurs institutionnels et professionnels.
En jeu: la visibilité du label «Made in Morocco», la légitimité des initiatives privées, et les conditions de concurrence sur le marché local.
L’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH) s’oppose à certains salons internationaux, qu’elle accuse de favoriser la promotion de produits étrangers au détriment de l’industrie nationale, indique ainsi le quotidien Les Inspirations Éco.
Elle a notamment adressé une lettre à la Chambre de commerce, d’industrie et de services de Casablanca-Settat (CCISC), lui demandant de retirer son soutien à un salon perçu comme une plateforme de visibilité pour des produits turcs et égyptiens.
L’AMITH évoque une concurrence jugée déloyale, notamment par l’introduction de produits à bas coût sur le marché, et dénonce l’usage abusif de la mention «Made in Morocco» pour des articles importés.
Elle estime que ces pratiques nuisent aux efforts de structuration du secteur et affaiblissent l’image du textile marocain.
L’association avait déjà engagé une action judiciaire en 2022 contre l’édition précédente du Salon Morocco Fashionstyle, contestant l’usage d’un nom jugé trop proche de celui de son propre salon, «Morocco Style Fashion and Tex», déposé à l’OMPIC depuis 2016.
Le tribunal a rejeté cette demande, considérant que les deux marques étaient enregistrées et que les conditions légales d’interdiction n’étaient pas réunies, écrit-on.
De son côté, le président de la CCISC, Hassan Berkani, affirme que le salon vise à offrir une opportunité de visibilité aux petites et moyennes entreprises marocaines, qui ont rarement les moyens de participer à des événements internationaux. Il précise que plus de 400 exposants, venus de 140 pays, ont pris part à ce salon, offrant aux entreprises locales la possibilité d’élargir leur réseau commercial.
Berkani estime également que la CCISC n’a pas outrepassé son rôle, dans la mesure où l’événement n’est pas placé sous l’égide du ministère de l’Industrie. Il reproche à l’AMITH un manque de soutien aux petites entreprises du secteur, précise Les Inspirations Éco.
Citée par le quotidien, une source proche du ministère de l’Industrie souligne qu’aucun soutien officiel n’a été accordé à l’événement en question. Le ministère précise que son appui est conditionné à des retombées économiques significatives et à la valorisation claire du produit marocain, ce qui ne serait pas le cas ici.
Il indique également qu’il ne revient pas à l’administration d’interdire les initiatives privées tant qu’elles respectent le cadre légal.
Les organisateurs du salon affirment de leur côté ne pas exposer de produits finis, mais uniquement des accessoires ou des équipements destinés à renforcer la chaîne de valeur du textile dans le Royaume.
Malgré ces clarifications, l’AMITH reste critique à l’égard de ces salons, qu’elle accuse de brouiller la perception du secteur et de fragiliser la compétitivité du label national.
L’association appelle à une vigilance accrue sur l’usage des marques, et la représentation de l’industrie locale dans ce type d’événement.