Mobile et inclusion financière: le Maroc à la croisée du numérique et de la bancarisation

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Revue de presseLe dernier rapport Global Findex 2025 de la Banque mondiale met en évidence un lien étroit entre connectivité numérique et inclusion financière. Dans le monde, la généralisation du mobile et d’Internet a permis à des millions d’adultes d’accéder à un compte bancaire et de développer une culture d’épargne. Au Maroc, 42% de la population adulte reste non bancarisée. Cet article est une revue de presse tirée du magazine hebdomadaire Challenge.

Le 08/10/2025 à 18h40

Les téléphones portables et Internet ne se contentent plus de connecter les individus. Ils redessinent aujourd’hui les contours de l’inclusion financière à l’échelle mondiale. Dans les pays en développement, ces outils numériques offrent un accès inédit aux services financiers, favorisant l’épargne, la bancarisation et, par ricochet, la croissance économique.

Le Maroc, où 42% des adultes restent encore non bancarisés, se trouve à un moment charnière pour transformer sa connectivité en levier d’inclusion.

Repris par le magazine hebdomadaire Challenge, le rapport Global Findex 2025 de la Banque mondiale explique que la démocratisation du mobile et d’Internet constitue le moteur principal de l’expansion financière. En 2024, 86% des adultes dans le monde possédaient un téléphone portable, dont 68% un smartphone. Résultat: près de 80% de la population mondiale dispose désormais d’un compte bancaire, contre seulement 50% en 2011.

Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, le paiement numérique gagne du terrain: 42% des adultes ont réalisé un achat en ligne ou en magasin par voie électronique en 2024, contre 35% trois ans plus tôt. Parallèlement, trois quarts des adultes y perçoivent des transferts gouvernementaux sur un compte, et la moitié des salariés y sont payés par voie bancaire.

Une mutation structurelle qui s’accompagne d’un essor notable de l’épargne: 40% des adultes des économies en développement ont épargné sur un compte en 2024, soit une progression de 16 points en trois ans. «L’inclusion financière peut améliorer les conditions de vie et transformer une économie tout entière», souligne Ajay Banga, président du Groupe de la Banque mondiale.

Le Maroc n’est pas en reste sur le plan de la connectivité. Le pays compte près de 60 millions d’abonnés à la téléphonie mobile, un taux de pénétration de 160%, et environ 41 millions d’utilisateurs d’Internet.

En 2024, neuf adultes sur dix disposaient d’un téléphone mobile, et près des deux tiers utilisaient Internet. Pourtant, seuls 58% des adultes marocains, environ 19 millions de personnes, possèdent un compte bancaire, ce sui est bien en deçà de la moyenne mondiale de 80%.

Ce paradoxe interroge: comment un pays disposant d’un système bancaire performant, d’un secteur de la microfinance dynamique et d’une offre diversifiée (banques participatives, établissements de paiement, etc.) peut-il encore accuser un tel retard?

L’exemple de l’Afrique subsaharienne illustre la puissance du numérique dans l’inclusion financière. La région concentre plus de 70% des transactions mondiales de mobile money, avec plus de 300 millions de comptes actifs. Cette explosion s’explique par une adoption rapide des services mobiles et une forte adaptation aux besoins locaux. Le succès du mobile money africain trace ainsi la voie à suivre pour d’autres régions, dont le Maroc.

Conscientes de cet enjeu, Bank Al-Maghrib et le gouvernement marocain ont lancé, dès 2019, la Stratégie nationale d’inclusion financière. Sa première phase a permis des avancées notables: un cadre légal renforcé, des offres inclusives en expansion et une amélioration de l’éducation financière. L’objectif: mieux servir les populations à faibles revenus et les très petites entreprises.

Dans le même esprit, le plan Digital Morocco 2030, dévoilé en septembre 2024, ambitionne de faire du paiement mobile un pilier de la transformation numérique du pays.

L’État a par ailleurs digitalisé une partie croissante de ses paiements, notamment dans le cadre de la généralisation de la protection sociale, réduisant ainsi la dépendance au cash.

Un tournant majeur est intervenu fin 2024: le Conseil de la concurrence a mis fin au quasi-monopole du Centre monétique interbancaire (CMI), ouvrant le marché marocain des paiements électroniques à la concurrence dès le 1er mai 2025.

Cette libéralisation permet l’entrée de nouveaux opérateurs, capables d’offrir aux commerçants des solutions de paiement électronique à moindre coût. Un pas décisif vers un système plus ouvert, compétitif et inclusif, aligné sur les ambitions du Digital Morocco 2030.

Par La Rédaction
Le 08/10/2025 à 18h40