Maroc et IA: vers un alignement nécessaire avec les normes européennes

Alors que l’intelligence artificielle révolutionne les modes de production et promet une hausse spectaculaire de la productivité, elle soulève aussi des défis majeurs en matière d’éthique, de régulation et d’emploi

Revue de presseAlors que l’intelligence artificielle révolutionne les modes de production et promet une hausse spectaculaire de la productivité, elle soulève aussi des défis majeurs en matière d’éthique, de régulation et d’emploi. Entre opportunités économiques et risques sociétaux, le Maroc, comme beaucoup de pays, doit trouver un équilibre pour accompagner cette transformation technologique à vitesse grand V. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 30/06/2025 à 20h41

La vague de l’intelligence artificielle (IA) suscite un formidable espoir en matière de gains de productivité pour les entreprises et les industries. En automatisant les tâches répétitives et lourdes, cette révolution technologique s’impose comme un puissant accélérateur d’activités dans des secteurs aussi variés que le transport, l’agriculture, la santé, les télécommunications ou les services.

Selon un rapport récent du cabinet de conseil Accenture, basé à Dublin, «d’ici 2035, la productivité du travail dans certains pays développés pourrait bondir de près de 40% grâce à l’intelligence artificielle». Un potentiel colossal, mais qui s’accompagne de risques non négligeables, notamment en termes d’intensification des tâches et de contrôle accru des travailleurs.

Face à ces enjeux, la nécessité d’un cadre réglementaire strict et d’une éthique solide s’impose pour garantir la protection des droits humains, en particulier des données personnelles, relève le quotidien L’Economiste dans son édition du mardi 1er juillet. La Commission européenne, qui a mené il y a quatre ans une large consultation incluant citoyens, syndicats, entreprises et ONG, met en garde: «Par son opacité, sa complexité, sa dépendance aux données et son autonomie, l’IA peut porter atteinte à plusieurs droits fondamentaux consacrés par la Charte des Droits de l’Union européenne».

Ce constat a conduit l’Union européenne à poser les bases d’une réglementation stricte, mettant fin à la logique du «tout permis». Cette approche devrait, à terme, influencer les pratiques mondiales, notamment au Maroc, voisin économique et politique de l’UE, qui devra vraisemblablement s’aligner sur ces normes. Le pays est ainsi invité à encadrer les systèmes d’IA dits «à hauts risques», qui pourraient être interdits dans l’espace européen.

Dans ce contexte, Amal El Fellah Seghrouchni, ministre marocaine en charge de la Transition numérique, a récemment plaidé pour un déploiement responsable de l’IA, fondé sur des principes d’éthique, de transparence et de confiance, indique le quotidien. Lors du 3ᵉ Forum parlementaire économique de Marrakech en mai dernier, elle a souligné que l’IA représentait une rupture technologique majeure, dont le potentiel doit être mis au service de l’intérêt général.

Par ailleurs, la ministre a insisté sur l’urgence de renforcer le cadre législatif afin de surveiller le développement rapide de l’IA dans tous les secteurs.

Si la crainte de suppressions massives d’emplois provoquées par l’IA grandit, elle reste pour l’heure théorique. «Les experts s’accordent plutôt à dire que l’IA engendre aussi la création de nouveaux métiers liés à l’analyse, à la maintenance et à la valorisation des données. Une récente étude indique que l’IA intervient actuellement sur seulement 1% des activités des collaborateurs, laissant supposer qu’un remplacement massif des emplois n’est pas imminent», note le quotidien .

Au contraire, l’essor de l’IA élargit les périmètres de compétences, en associant étroitement production et traitement des données par les mêmes acteurs, ouvrant ainsi la voie à des profils professionnels renouvelés.

Par Lamia Elouali
Le 30/06/2025 à 20h41