Logistique: de grands projets en préparation, mais…

Ryad Mezzour, ministre de l'Industrie et du Commerce.

Revue de presseAlors que le Maroc affiche une vision ambitieuse pour le développement de son secteur logistique, la mise en œuvre sur le terrain reste en décalage. Entre projets structurants, lenteurs administratives et coût du foncier, les acteurs du secteur alertent sur les freins persistants. Le Forum AZIAN Business, tenu à Casablanca, a servi de plateforme pour dresser un état des lieux contrasté. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 22/05/2025 à 21h04

La quatrième édition du Forum AZIAN Business, tenue le 21 mai à Casablanca, a mis en lumière les écarts entre les ambitions affichées en matière de développement logistique et la réalité opérationnelle sur le terrain. L’événement, organisé par l’Association de la zone industrielle Aïn Sebaa-Hay Mohammadi, a rassemblé plusieurs acteurs institutionnels et économiques pour faire le point sur l’état du secteur.

Le ministre de l’Industrie, Ryad Mezzour, a annoncé la mise en chantier prochaine de la plateforme logistique de Zenata, qui s’étendra sur 380 hectares, indique à ce titre le quotidien L’Economiste. Ce projet, censé renforcer les synergies entre industriels et logisticiens, vise à améliorer la compétitivité du tissu industriel national. Au total, plus de 5.000 hectares seront mobilisés à l’échelle nationale pour des projets logistiques.

Dans la région Casablanca-Settat, quatre infrastructures logistiques sont en cours de planification, en plus de la zone de Jorf Lasfar à El Jadida. Le président de la région, Abdellatif Maazouz, a précisé que 710 hectares ont déjà été mobilisés, dont 150 spécifiquement dédiés à la logistique. Deux nouvelles zones d’activités sont également en cours de développement: l’une à Ouled Saleh pour intégrer les activités informelles, et une autre à Bernoussi. Un parc industriel pour PME est également prévu à Settat, sur un terrain de 54 hectares, lit-on.

Selon Maazouz, l’ouverture de la zone logistique de Zenata est prévue pour la rentrée prochaine. Le montage juridique et financier est pratiquement finalisé. Parmi les partenaires du projet figurent l’ONCF, l’ANP, la CDG et l’AMDL. L’ensemble des projets annoncés représente un investissement global de 12,5 milliards de dirhams répartis sur six provinces,

Malgré les annonces, plusieurs intervenants ont souligné les obstacles persistants à la concrétisation de cette vision. Ghita Lahlou, vice-présidente de la CGEM, a pointé le coût élevé du foncier – environ 3.000 DH/m² à Casablanca – ainsi que les lenteurs administratives qui freinent les projets. Elle a estimé que 40% des zones industrielles restent actuellement inoccupées, écrit L’Economiste.

Lahlou a appelé à la mise en place de solutions alternatives: offres locatives à bas coût, coordination locale renforcée, et développement de zones logistiques mieux planifiées. Elle a également évoqué l’impact de la spéculation foncière sur la mise en œuvre des projets.

Moncef Belkhayat, PDG de H&S Invest Holding, a exprimé des critiques similaires. Il a qualifié le secteur de la logistique de «parent pauvre» de l’économie marocaine. Selon lui, l’absence d’une fédération dédiée au sein de la CGEM est symptomatique de ce manque de structuration.

Belkhayat a dénoncé le stockage de produits alimentaires dans des conditions inappropriées à Derb Omar, ainsi que le retard accumulé dans le développement de plateformes modernes. Il a rappelé que la vision royale pour la logistique date de 15 ans, et que la plateforme de Zenata nécessitera encore deux à trois ans pour être pleinement opérationnelle. Il a également mis en avant la pression exercée par les normes ESG et les coûts de construction, soulignant l’existence d’une logistique «à deux vitesses» entre grandes entreprises et PME.

Par Nabil Ouzzane
Le 22/05/2025 à 21h04