On le devinait déjà, mais on vient d’en avoir la confirmation : Dès qu’il s’agit de chiffres, Abdelilah Benkirane a tendance à s’emmêler les pinceaux. Dimanche, à l’occasion de la célébration de la journée des Marocains résidant à l’étranger (MRE), le chef du gouvernement a annoncé que le Maroc a été choisi pour abriter le Fonds Afrique 50. Sauf qu’il a confondu le chiffre 50 renvoyant aux objectifs du continent pour les 50 années à venir et l’enveloppe dédiée au fonds qu'il pensait être de 50 milliards de dollars. Les journalistes présents sur place se sont naturellement empressés de relayer l’information, croyant sur parole le chef du gouvernement. Mais après vérification, le montant annoncé par Benkirane est exagéré. Même très exagéré…
Financement des projets d’infrastructures
Selon des sources proches du dossier, le Fonds Afrique 50 devrait à terme mobiliser 20 milliards de dollars. Un chiffre confirmé, auprès du ministre des Finances. Contacté par Le360, Mohamed Boussaid, nous explique qu’il va falloir de longues années, mais aussi une forte implication des organismes financiers internationaux, avant d’atteindre ce montant "qui sera dédié au financement des projets d’infrastructures dans le continent africain qui exprime des besoins colossaux en la matière". "Abriter un tel fonds s'inscrit en ligne droite avec la vision de Sa Majesté pour le renforcement de la coopération sud-sud", ajoute le ministre qui assure que "le Maroc a présenté un excellent dossier. C’est ce qui nous a valu d’être retenu entre les 10 pays concurrents". On peut effectivement imaginer la rude concurrence avec les autres puissances économiques africaines notamment l’Afrique du Sud et l’Algérie qui n’ont épargné aucun effort pour convaincre la BAD de domicilier le Fonds Afrique 50 sur leur territoire. Mais les conditions attractives proposées par le statut de Casa Finance continental au Maroc est une excellente nouvelle. Il est en ligne avec la vision, conduite par City combinées aux franchises "classiques" accordées aux organismes internationaux ont fait pencher la balance en faveur du royaume.
D’ailleurs le principe même de créer le Fonds Afrique 50 avait été entériné par les ministres des Finances lors des Assemblées annuelles de la BAD, tenue à Marrakech en mai 2013. Cette initiative devrait "contribuer à mobiliser les ressources africaines, l’épargne, l’aide extérieure et les marchés de capitaux pour le financement de projets d’infrastructures bancables et rentables sur le continent", peut-on lire sur la documentation fournie par la BAD. Concrètement, il devrait donc favoriser la levée de financements à partir de sources aussi diverses que les réserves des Banques centrales, les fonds de pension africains, les fonds souverains africains, la diaspora, les grosses fortunes africaines... Le but étant de financer les projets prioritaires du Programme pour le développement de l’infrastructure en Afrique piloté par la BAD.
