La baisse du taux directeur est un signal fort mais pas suffisant pour relancer l’économie, selon l’économiste Mohammed Jadri

Mohammed Jadri

Mohammed Jadri.

La baisse du taux directeur boostera aussi bien l’investissement que la consommation, indique l’économiste Mohammed Jadri. Toutefois, nuance-t-il, cet impact est à relativiser, le taux directeur n’étant pas le seul facteur déterminant pour la croissance économique.

Le 24/03/2025 à 15h28

Lors de sa première réunion trimestrielle au titre de l’année 2025, tenue le mardi 18 mars, le conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de réduire son taux directeur de 25 points de base (pb) à 2,25%. Cette décision est motivée par la prévision d’une inflation conforme à l’objectif de stabilité des prix et par la volonté de la Banque centrale de soutenir l’activité économique et l’emploi.

Interrogé à cet effet par Le360, l’économiste Mohammed Jadri estime que cette baisse du taux directeur est un signal fort pour l’économie, puisqu’elle boostera aussi bien l’investissement que la consommation.

«Je pense que les banques vont répercuter cette baisse pour commencer à accorder aux entreprises des crédits à des taux de l’ordre de 3,25% à 3,5% maximum, ce qui va les encourager à revoir à la hausse leurs investissements», indique-t-il, soulignant que cet impact sera renforcé par le nouveau programme de soutien au financement bancaire des très petites entreprises (TPE), qui prévoit notamment un refinancement des banques participantes à un taux préférentiel égal au taux directeur minoré de 25 pb.

De même, les banques devront revoir à la baisse les taux appliqués aux crédits à la consommation pour encourager les ménages à accroitre leur consommation, ajoute-t-il. De ce fait, estime-t-il, il faut s’attendre à une amélioration de la situation économique à partir du deuxième semestre 2025.

Toutefois, Mohammed Jadri tient à relativiser cet impact, puisque le taux directeur n’est pas le seul facteur déterminant pour l’évolution de la croissance économique. «Je crois que la croissance du PIB continuera à tourner autour de 3 à 3,5% tant qu’on n’aura pas réglé les problèmes structurels qu’affronte l’économie marocaine», souligne-t-il, estimant que même le taux de croissance de 3,9% attendu cette année n’est pas suffisant pour réduire le chômage qui avoisine un taux record de 14%.

Les problèmes structurels de l’économie

Selon l’économiste, le Maroc est confronté à des défis structurels majeurs, notamment en matière d’eau et d’énergie. La résolution du problème de l’eau est envisagée pour 2027-2028, tandis que celle du problème énergétique dépend de la réalisation des objectifs nationaux en matière d’énergies renouvelables, prévue pour 2030.

Il insiste également sur la nécessité d’une volonté politique audacieuse pour lutter contre les pratiques rentières et le monopole dans le secteur des affaires. Il met également en lumière les dysfonctionnements des chaînes d’approvisionnement, exacerbés par la prolifération des intermédiaires, des monopoleurs et des spéculateurs.

Il souligne également l’importance cruciale de réformer le Code du travail et le système des retraites, ainsi que de promouvoir activement la médiation pour résoudre les conflits en dehors des tribunaux.

Autant dire que pour une vraie relance de l’économie, le gouvernement a du pain sur la planche.

Par Lahcen Oudoud
Le 24/03/2025 à 15h28

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