Une société de production américaine a suspendu un tournage prévu à Ouarzazate à la suite de l’annonce, par l’administration américaine, d’une mesure prévoyant l’imposition de droits de douane de 100% sur les films tournés hors des États-Unis. Cette décision, officiellement destinée à rapatrier une part importante de la production cinématographique vers le territoire américain, pourrait avoir un impact direct sur les écosystèmes du cinéma au Maroc, relève le quotidien Les Inspirations Eco.
Selon un cadre d’Atlas Studios cité par le quotidien, environ 30% de l’activité locale dépend des productions américaines. Une telle mesure douanière risquerait d’entraîner la disparition de la totalité du budget pour certaines sociétés locales. Les retombées économiques affecteraient également plusieurs secteurs liés: techniciens, décorateurs, hébergements, restauration, etc.
Le Maroc, qui s’est imposé depuis deux décennies comme une destination de tournage appréciée pour sa stabilité, la diversité de ses paysages et ses infrastructures, pourrait voir cette dynamique remise en cause. Le secteur s’inquiète d’un recul de la demande. En 2024, les investissements liés aux productions internationales au Maroc ont atteint 1,5 milliard de dirhams, contre environ 1 milliard en 2023.
Certains professionnels relativisent ces risques, estimant que l’industrie reste robuste et que le Maroc continue d’attirer d’autres pays. Les États-Unis demeurent le principal marché d’origine, mais des productions venues de France, du Royaume-Uni, d’Inde, d’Allemagne et de pays du Moyen-Orient sont en augmentation, renforçant la diversification des clients.
Selon les données du Centre cinématographique marocain (CCM), 97 productions étrangères ont été recensées en 2023. La production nationale progresse également, avec 27 longs-métrages marocains réalisés en 2023 contre 19 en 2022. Le nombre de séries marocaines produites est aussi en hausse, avec 14 projets en 2023. En parallèle, le pays développe des coproductions avec des partenaires africains, notamment l’Égypte et des pays d’Afrique subsaharienne, lit-on.
Cette diversification constitue un levier pour atténuer les effets potentiels d’un désengagement américain. Toutefois, les incertitudes persistent dans un contexte où l’industrie mondiale du cinéma est en transformation. L’essor de l’intelligence artificielle, les effets persistants de la grève des scénaristes et acteurs à Hollywood en 2023, ainsi que la concurrence fiscale entre pays, modifient les dynamiques de localisation des tournages. Des marchés comme le Royaume-Uni, la France, l’Italie ou l’Espagne attirent de plus en plus de projets en raison de leur environnement réglementaire et fiscal jugé plus attractif.