HCP: le taux de chômage au Maroc est monté à 13,3% en 2024

Le siège du Haut-commissariat au plan, à Rabat.. Adil_Gadrouz

Le taux de chômage est passé de 13% en 2023 à 13,3% en 2024, selon le HCP. Une hausse qui a davantage touché plus le milieu rural qu’urbain en raison de la sécheresse. Le chômage reste plus élevé parmi les jeunes, les diplômés et les femmes.

Le 03/02/2025 à 10h05

Entre 2023 et 2024, le chômage a augmenté de 4% et le nombre de chômeurs s’est renforcé de 58.000 personnes, 42.000 en milieu urbain et de 15.000 en milieu rural. le nombre total de personnes sans emploi s’élève à 1.638.000 personnes, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP) qui vient de publier les derniers chiffres sur la situation du marché du travail.

De ce fait, le taux de chômage est passé de 13% à 13,3% entre les deux années (de 6,3% à 6,8% en milieu rural et de 16,8% à 16,9% en milieu urbain). Il a augmenté de 1,1 point parmi les femmes (19,4%) et de 0,1 point parmi les hommes (11,6%).

Cette hausse a touché l’ensemble des catégories d’âge. Ainsi, le taux de chômage est passé de 35,8% à 36,7% parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, de 20,6% à 21% pour les personnes âgées de 25 à 34 ans, de 7,4% à 7,6% pour celles de 35 à 44 ans, et de 3,7% à 4% pour celles de 45 ans et plus.

Le taux de chômage a connu une quasi-stagnation (-0,1 point) parmi les diplômés (19,6%), et une hausse de 0,3 point parmi les personnes n’ayant aucun diplôme (5,2%). Les hausses les plus importantes ont été enregistrées parmi les titulaires de diplômes en qualification professionnelle (+1,5 point à 23,9%), suivis des titulaires des diplômes de l’enseignement secondaire qualifiant (+1,3 point à 24,6%).

Il ressort également de ces chiffres que le chômage a été marqué par la hausse de la proportion des personnes récemment en chômage. La part des personnes en situation de chômage depuis moins d’un an est passé de 33,3% à 37,1%. Ainsi, la durée moyenne de chômage est passée de 32 mois à 31 mois. 30% des chômeurs se sont retrouvés dans cette situation suite au licenciement ou à l’arrêt de l’activité de l’établissement et 25,6% suite à l’achèvement des études.

Plus de la moitié (50,7%) des chômeurs ont déjà travaillé. Près de 80% d’entre eux résident en milieu urbain, plus des trois-quarts sont des hommes (77,5%) et 57,5% sont des jeunes âgés de 15 à 34 ans. 72% d’entre eux ont un diplôme, 45,2% de niveau moyen et 26,8% de niveau supérieur. 85,8% de ces chômeurs étaient des salariés et 12,8% des auto-employés. Près de 55,6% exerçaient dans le secteur des services, 17,7% dans les BTP et 15,7% dans l’industrie.

Hausse du sous-emploi

Le volume du sous-emploi est passé entre 2023 et 2024 de 1.043.000 à 1.082.000 personnes (de 560.000 à 585.000 en milieu urbain et de 483.000 à 496.000 en milieu rural). Ainsi, le taux de sous-emploi s’est accru, passant de 9,8% à 10,1% au niveau national (de 8,7% à 8,9% en milieu urbain et de 11,6% à 12,2% en milieu rural).

Ce phénomène du sous-emploi a touché notamment les secteurs de l’agriculture, forêt et pêche avec une hausse de 0,9 point (12,1%), les BTP (+0,4 point à 19,6%) et les services (+0,2 point à 7,9%).

La population active occupée en situation de sous-emploi lié à la durée de travail s’est élevée au cours de l’année dernière à 595.000 personnes au niveau national contre 512.000 une année auparavant. Le taux correspondant a augmenté de 4,8% à 5,6% au niveau national (de 4% à 4,3% en milieu urbain et de 6,2% à 7,7% en milieu rural).

Pour la population active occupée en situation de sous-emploi lié à l’insuffisance du revenu ou à l’inadéquation entre la formation et l’emploi exercé, elle est passée au niveau national de 531.000 personnes en 2023 à 486.000 en 2024. Le taux correspondant a reculé de 5% à 4,6% au niveau national (de 4,8% à 4,6% en milieu urbain et de 5,4% à 4,5% en milieu rural).

La détérioration observée sur le marché du travail se mesure également à l’aune de l’évolution du taux d’activité et d’emploi. Sachant que le taux d’activité correspond à la part des personnes actives (celles qui ont un emploi + celles qui en recherchent un) dans la population totale en âge de travailler, et le taux d’emploi correspond à la part de la population active occupée dans la population totale en âge de travailler. Le taux d’emploi reflète la capacité d’une économie à utiliser ses ressources en main-d’œuvre.

Baisse des taux d’activité et d’emploi

Ainsi, le taux d’activité est passé de 43,6% à 43,5% entre 2023 et 2024. Ce taux a baissé de 0,8 point en milieu rural (46,5%) et augmenté de 0,2 point en milieu urbain (42%). Il a augmenté de 0,1 point parmi les femmes, s’établissant à 19,1% et diminué de 0,4 point parmi les hommes (68,6%).

De même, le taux d’emploi a reculé de 38% à 37,7% au niveau national, enregistrant une baisse de 1 point en milieu rural (43,3%), et une légère hausse de 0,1 point en milieu urbain (34,9%). Ce taux a baissé de 0,4 point pour les hommes et de 0,2 point pour les femmes.

Les chiffres sur la situation du marché du travail montrent qu’entre 2023 et 2024, l’économie nationale a créé 82.000 postes d’emploi, résultat d’une augmentation de 162.000 postes en milieu urbain et d’un repli de 80.000 en milieu rural, après avoir perdu 157.000 postes une année auparavant. L’emploi rémunéré a gagné 177.000 postes et l’emploi non rémunéré a perdu 95.000 postes.

Et c’est encore une fois le secteur des services qui a créé le plus d’emplois avec près de 160.000 postes (141.000 en milieu urbain et 18.000 en milieu rural). 51.000 postes ont été créés au niveau la branche du commerce, 44.000 postes pour des services sociaux fournis aux collectivités et 39.000 postes pour les activités financières, d’assurance, immobilières, scientifiques, techniques, de services administratifs et de soutien.

L’industrie a créé, quant à elle, 46.000 postes d’emploi au niveau national (35.000 en milieu urbain et 11.000 en milieu rural), alors que le secteur des BTP a généré 13.000 postes au niveau national, suite à la création de 36.000 en milieu rural et une perte de 24.000 postes en milieu urbain.

Les services, premier employeur avec une part de 49,4%

En revanche, le secteur de l’agriculture, de la forêt et de la pêche a perdu 137.000 postes d’emploi au niveau national, résultat d’une perte de 146.000 en milieu rural et d’une création de 9.000 en milieu urbain.

Par type d’emploi, les services ont créé 159.000 emplois rémunérés et 1.000 emplois non rémunérés, l’industrie a créé exclusivement des emplois rémunérés (46.000 postes) et le BTP a créé 14.000 emplois rémunérés et a perdu 1.000 emplois non rémunérés.

Le secteur de l’agriculture, de la forêt et de la pêche a perdu 94.000 emplois non rémunérés et 43.000 rémunérés.

De ce fait, le secteur des services emploie 49,4% des actifs occupés, suivi de l’agriculture, forêt et pêche (26,3%), de l’industrie (12,6%) et du BTP (11,6.

Par Lahcen Oudoud
Le 03/02/2025 à 10h05