Le projet de gazoduc Afrique-Atlantique Nigeria-Maroc a franchi une étape clé. La ministre Leila Benali a annoncé à Rabat l’achèvement de l’étude de faisabilité et des études d’ingénierie préliminaires, ainsi que la définition du tracé optimal de cette infrastructure de plusieurs milliers de kilomètres, écrit l’hebdomadaire Finances News.
Lors de son intervention à la Chambre des conseillers, la ministre a souligné l’approche progressive adoptée pour la réalisation du projet. Elle a annoncé la création imminente d’une «société à vocation spéciale» destinée à encadrer la collaboration entre les partenaires marocains et nigérians. En parallèle, les discussions se poursuivent en vue de finaliser la décision d’investissement, dont l’échéance est fixée à la fin de l’année 2025.
Lors de la dernière réunion ministérielle consacrée au projet, deux accords fondamentaux ont été validés: l’accord intergouvernemental entre les États impliqués et l’accord du pays hôte. Pour la ministre, ce gazoduc représente bien plus qu’une simple infrastructure énergétique: avec un coût estimé à près de 25 milliards de dollars, il est perçu comme un levier stratégique pour la transformation économique, industrielle et numérique du continent africain.
"Ce projet est appelé à devenir un vecteur majeur de création d’emplois, de dynamisation des échanges régionaux et de renforcement de la sécurité énergétique, tout en positionnant le Maroc comme un corridor énergétique stratégique entre l’Afrique subsaharienne, l’Europe et le bassin atlantique« , a-t-elle déclaré.
Parallèlement à cette initiative, lit-on, le gouvernement marocain a lancé en avril dernier un appel à manifestation d’intérêt pour le développement de son propre réseau national de gaz naturel. L’objectif: construire une dorsale gazière reliant le port de Nador aux villes de Kénitra et Mohammedia, jusqu’à Dakhla au sud du Royaume. Ce maillage interne vise à préparer l’interconnexion avec le gazoduc transafricain Nigeria-Maroc.
Long de près de 6.000 kilomètres, le gazoduc traversera 13 pays d’Afrique de l’Ouest et aura une capacité de transport comprise entre 15 et 30 milliards de mètres cubes par an. À terme, il pourrait alimenter en énergie plus de 400 millions de personnes, contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté énergétique et à l’essor industriel du continent.
Ce projet s’inscrit dans une vision panafricaine d’intégration énergétique et de coopération Sud-Sud, portée depuis plusieurs années par les autorités marocaines. Il constitue aussi une réponse concrète aux défis mondiaux en matière de transition énergétique et de diversification des sources d’approvisionnement en gaz naturel, à un moment où les enjeux géopolitiques redéfinissent les équilibres régionaux.