La situation est vraiment inquiétante. Deuxième plus grande structure du genre au Maroc, après Al-Wahda, le remplissage du barrage Al Massira est au plus bas.
Son taux de remplissage est d'à peine 5,6% actuellement, au plus bas depuis l’entrée en exploitation de ce barrage, en 1976.
Doté d’une capacité de stockage de plus de 2,65 milliards de m3 et haut de quelque 80 mètres, le barrage Al Massira est le cœur battant du bassin Oum Errabiî. En plus de desservir Casablanca-Settat, El Jadida, Safi, Sidi Bennour, Azemour et Benguérir en eau potable, le barrage Al Massira alimente également l’OCP et la région de Jorf Lasfar en eau industrielle. Il fournit également de l’eau d’irrigation à toute la région des Doukkala, véritable grenier du Maroc. Sans compter le fait qu'il participe aussi à la production d’hydroélectricité.
Le bassin Oum Errabiî comprend 11 barrages au total. Il s’agit également du bassin le plus durement impacté par la rareté des ressources hydriques et la sécheresse qui sévit au Maroc.
«Ces 11 barrages peuvent stocker jusqu’à 5 milliards de m3, mais le taux de remplissage effectif ne dépasse pas les 7,6% actuellement, soit 372 millions de m3, contre 18,5% à la même période de l’année dernière. Les arrivées en est eau sur ce bassin sont les plus faibles en 80 ans et nous enregistrons ce déficit pour la quatrième année consécutive», explique Adil Mahfoud, charge de la gestion des ressources hydriques à l’Agence du bassin Oum Errabiî.
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En cause, explique le responsable, la faible pluviométrie enregistrée tout au long de ces dernières années et le changement climatique, qui augure de plus d’années de disette.
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Face à cette situation, l’agence agit, et de nombreuses mesures d’urgence ont d'ores et déjà été adoptées. A commencer par le transfert de 80 millions de m3 d’eau depuis le Barrage Bin El Ouidane à Al Massira, pour assurer le maintien de l’approvisionnement en eau potable des zones préalablement citées.
Egalement en cours, la connexion hydrique du bassin du Bouregreg (région de Rabat) à Casablanca, l’accélération de la mise en place des stations de dessalement d’eau de mer dans la capitale économique et à Safi, ainsi que la surveillance et la répression des transferts illégaux d’eau depuis l'Oum Errabiî. Trois appels d’offres ont également été lancés pour la réalisation de 120 puits d’exploration des eaux souterraines.
Pour Adil Mahfoud, ces efforts demeureront vains, le manque en eau étant structurel, si la vigilance de tous n’est pas de mise et si l’eau n’est pas utilisée de manière rationnelle et optimale. A bon entendeur, salut.