Le commerce électronique poursuit sa progression dans le Royaume.
D’après les données présentées par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, le chiffre d’affaires du secteur a atteint 22 milliards de dirhams en 2023, avec une croissance annuelle moyenne de plus de 30% sur les cinq dernières années.
Le paiement électronique, quant à lui, a dépassé les 9,9 milliards de dirhams, illustrant une adoption croissante des outils numériques.
Cette évolution est portée par une série de facteurs dont un taux de pénétration d’Internet estimé à 109% en 2024, l’émergence de nouveaux profils de consommateurs digitaux et l’amélioration des infrastructures logistiques.
Face à cette expansion, les autorités multiplient les mesures d’encadrement.
Le cadre juridique repose sur la loi 95.15, le Code de commerce, la loi sur la cybersécurité (2020), ainsi que la réglementation relative aux paiements électroniques.
Une révision de la loi sur la protection du consommateur est en cours, afin d’y intégrer les obligations des plateformes de type marketplace et de lutter contre les pratiques commerciales déloyales.
Une cellule dédiée à la surveillance du e-commerce a été mise en place par le ministère.
Elle a effectué 200 contrôles en 2024, donnant lieu à plusieurs avertissements et à six procès-verbaux pour infractions.
Le ministère de l’Industrie et du Commerce a également lancé plusieurs actions visant à structurer le secteur.
Parmi elles, la numérisation de 4.500 petits commerçants, la mise en place de 200 points de livraison de proximité et le soutien à 161 startups via la plateforme Moroccan Retail Tech Builder (MRTB).
Signée en avril 2025, une convention conjointe entre le ministère de la Transition Numérique et le secrétariat d’État au Commerce Extérieur prévoit la généralisation des outils numériques, notamment pour les exportateurs.
Depuis le 1er mai 2025, six opérateurs de paiement électronique, dont des filiales de banques marocaines, ont été autorisés à proposer leurs services.
Cette décision fait suite à une plainte de la société Naps contre le monopole du Centre monétique interbancaire (CMI), et à une intervention du Conseil de la concurrence en novembre 2024.
D’ici novembre 2025, environ 55.000 contrats commerçants et 65.000 TPE devraient être transférés vers ces nouveaux opérateurs.
Une plateforme commune de traitement des transactions, en partenariat avec Visa et Mastercard, est en cours de mise en place.
Des groupes comme Label’Vie et Marjane accélèrent également leur transformation digitale.
En 2023, Label Vie a réalisé 152 millions de dirhams de chiffre d’affaires en ligne (+55% en un an), avec un budget digital de 406 millions de dirhams.
Marjane, de son côté, a lancé sa marketplace marjanemall, qui compte plus de 700 vendeurs.
Le groupe chinois Alibaba a lancé une plateforme locale fin 2024, accompagnée de la création de «Cainiao Smart Logistics Network Morocco», filiale logistique basée à Casablanca.
Cette entité vise à faciliter le commerce BtoB et positionner le Maroc comme un hub régional.
Le Plan Maroc Digital 2025 prévoit, quant à lui, le renforcement des infrastructures, la formation numérique et l’accompagnement des PME vers la digitalisation.
Ceci étant, le commerce électronique physique reste encore modeste au regard du PIB (0,5%), contre 3% dans la région MENA et 5% à l’échelle mondiale.
Les autorités visent 10 milliards de dirhams à l’horizon 2025 et 20 milliards en 2030.
Malgré la croissance du secteur, le paiement en espèces reste prédominant, y compris pour les achats en ligne.
Cette préférence pour le cash s’explique en partie par la faible bancarisation (54% en 2023) et la persistance de pratiques de crédit informel dans certaines zones.
Bank Al-Maghrib mène actuellement une étude sur l’usage du cash pour en identifier les déterminants socioculturels.
Son gouverneur, Abdellatif Jouahri, souligne la nécessité d’adapter les solutions numériques au contexte marocain.