Banques participatives: forte croissance et extrême dépendance au financement immobilier

Panorama des banques participatives actives sur le marché marocain.

Sept ans après leur lancement, les banques participatives continuent à afficher des rythmes de croissance élevés. Leur activité reste toutefois particulièrement dépendante du financement immobilier, qui représente plus de 83% des encours.

Le 16/04/2024 à 11h47

Sept ans après leur lancement, les banques participatives continuent à connaître un rythme de croissance élevé. «Quand on voit le taux de croissance de l’activité des banques participatives, avec des évolutions à deux chiffres, aussi bien au niveau des financements que des dépôts, on se rend compte qu’elles n’ont pas encore atteint leur rythme de croisière. Il y a toujours une grande demande du marché», estime Waïl Aaminou, directeur associé au cabinet Green for South, interrogé par Le360.

Les derniers chiffres publiés par Bank Al-Maghrib (BAM) sur les indicateurs des banques et fenêtres participatives montrent en effet que les financements par Mourabaha se sont accrus de 20% par rapport à 2022, s’élevant 28,08 milliards de dirhams en 2023.

Toutefois, l’essentiel de cet encours (83,54%, à 23,46 milliards de dirhams) est réalisé par la Mourabaha immobilière, en hausse de 16,2%. Le reste est partagé entre la Mourabaha équipement (environ 3 milliards de dirhams, en croissance de 65,5%) et la Mourabaha automobile (1,55 milliard de dirhams, en hausse de 14%). Moins usités, les financements Salam (avance de liquidités) ont connu une hausse spectaculaire de 79%, à un encours de 187,7 millions de dirhams.

Diversifier les produits, renforcer les ressources

«Les banques participatives ne peuvent pas continuer à dépendre de ce seul segment. Elles doivent diversifier leurs produits et répondre aux attentes très variées des clients», souligne Waïl Aaminou, relevant que les relais de croissance se trouvent désormais du côté des entreprises et des produits d’épargne et de placement.

Encore faut-il que les banques participatives puissent renforcer leurs ressources, qui proviennent principalement des dépôts à vue non rémunérés, des dépôts d’investissement (ou dépôts à terme) et du mécanisme de refinancement d’Al Wakala Bil Istithmar.

Or, les banques participatives ont bien plus de mal que les banques conventionnelles à mobiliser les dépôts à vue non rémunérés. «La situation est due notamment à l’étroitesse du réseau des banques participatives, et au fait qu’elles aient été à leurs débuts perçues d’abord comme des sociétés de financement immobilier», explique notre interlocuteur.

Cette perception est en train de changer, concède-t-il, mais développer une assise dépôts à vue non rémunérés prendra un certain temps aux banques participatives. Quant au mécanisme d’Al Wakala Bil Istithmar, il ne règle que partiellement leur problème du refinancement, puisqu’il augmente le coût de leurs ressources, relève-t-il.

Par Lahcen Oudoud
Le 16/04/2024 à 11h47