Depuis 2023, le paysage automobile marocain connaît une transformation marquée par l’arrivée en force de constructeurs chinois. BYD, Geely, Changan ou encore Jaecoo et Omoda, jadis peu connus du grand public, sont désormais bien visibles sur les routes du Royaume.
Après des débuts discrets, ces marques ont rapidement déployé des stratégies commerciales offensives: campagnes publicitaires soutenues, participation à des salons spécialisés, offres de lancement attractives, essais grand public et inaugurations médiatisées. Elles s’appuient sur des réseaux de distribution locaux structurés et expérimentés, leur permettant d’assurer une présence homogène sur le territoire, analyse le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du 7 juillet.
L’offensive chinoise s’est accélérée au fil des mois. BYD a ouvert la voie en 2023, suivie de Geely, Changan, Great Wall Motor et MG. En 2024, Chery a introduit ses filiales Omoda et Jaecoo. En 2025, de nouvelles marques comme Zeekr, BAIC, DFSK et Soueast sont entrées sur le marché marocain, confirmant une stratégie planifiée plutôt qu’un simple engouement passager.
Les constructeurs s’appuient sur des partenariats solides avec des distributeurs locaux bien établis. Zeekr et Great Wall Motor sont ainsi distribués par Tractafric Motors, BYD par Auto Nejma, Geely par Bamotors, Changan par Global Sian Motors, et BAIC par Comicom. Omoda et Jaecoo sont commercialisés par CFAO Mobility, tandis que Chery, Seres et DFSK ont confié leur développement au groupe Auto Hall.
Cette structuration permet aux marques chinoises d’assurer un service après-vente performant, des équipes formées, ainsi qu’une qualité de distribution conforme aux exigences du marché, lit-on.
Le marché automobile marocain a enregistré une croissance notable en 2025. Au cours des quatre premiers mois de l’année, les ventes ont progressé de 35%, atteignant 32% rien qu’en avril. Cette dynamique est en grande partie portée par les constructeurs chinois. En juin, BYD a vendu 412 véhicules, Changan 187, Geely 151, Chery 45 et Great Wall 96, totalisant ainsi plus de 890 unités, lit-on encore.
Face aux marques historiques comme Renault, Dacia ou Peugeot, les nouveaux venus misent sur des arguments concurrentiels, notamment un bon rapport qualité-prix. Les Inspirations Eco donne les détails. Geely propose un SUV urbain à partir de 149.900 dirhams, Chery des SUV familiaux à partir de 174.000 dirhams, et Changan séduit avec un design européen et des technologies issues de son centre R&D en Italie. Zeekr, dans le haut de gamme, commercialise un modèle électrique premium, tandis que Seres cible le segment des SUV connectés. Great Wall mise sur des motorisations hybrides abordables.
Au-delà de la commercialisation, la présence chinoise au Maroc s’inscrit dans une logique industrielle durable. À Jorf Lasfar, la construction de la gigafactory COBCO, issue d’un partenariat entre le groupe CNGR et le fonds Al Mada, prévoit de produire des matériaux pour un million de batteries de véhicules électriques par an. Le projet mobilise plus de 20 milliards de dirhams.
Un autre acteur, Tinci Materials, développe une usine d’électrolytes pour batteries lithium-ion sur le même site, pour un investissement avoisinant les 280 millions de dollars. Ces projets s’inscrivent dans une dynamique plus large portée par des groupes comme BTR, Gotion ou Shinzoom, avec un total d’investissements annoncés dépassant 10 milliards d’euros depuis 2024.
Le Maroc se positionne ainsi comme un hub industriel stratégique en Afrique, tirant parti de ses ressources minières, de ses infrastructures logistiques, de sa stabilité réglementaire et de sa proximité avec l’Europe. La perspective de véhicules électriques «made in Morocco» devient de plus en plus concrète, renforçant le rôle du Royaume dans la chaîne de valeur automobile mondiale, se réjouit le quotidien.